RECHERCHE - Alors que le paludisme est responsable de 400.000 décès dans le monde chaque année, des chercheurs français viennent de publier les premiers résultats cliniques "prometteurs" d'un vaccin visant à protéger les femmes enceintes et leurs enfants de la maladie, des populations qui y sont particulièrement vulnérables.
Un vaccin pourra-t-il bientôt prémunir les femmes enceintes du paludisme ? C’est l'objectif d’une équipe de chercheurs français de l’Inserm et de l’Université de Paris, dirigée par Benoît Gamain, directeur de recherche au CNRS, qui vient de publier les résultats d’essais cliniques sur celui qu'ils développent. Chaque année, "l’Organisation mondiale de la santé estime que le paludisme est responsable de plus de 400.000 décès". Et les femmes enceintes y sont particulièrement vulnérables. En Afrique subsaharienne, 11 millions d'entre elles "ont été infectées en 2018 : elles ont donné naissance à près de 900.000 enfants en insuffisance pondérale", regrette l’Inserm dans un communiqué. "Développer un vaccin efficace à destination des jeunes femmes avant leur première grossesse est une priorité afin de réduire la mortalité liée au paludisme", remarque Benoît Gamain.
Et les résultats cliniques, publiés cette semaine dans la revue Lancet Infectious Diseases, sont "prometteurs". "Le vaccin a été évalué chez 68 femmes non enceintes âgées de 18 à 35 ans à Paris puis au Burkina Faso", informe l’Inserm. "Les participantes ont été réparties et randomisées en quatre cohortes, recevant le vaccin à différentes doses et à trois reprises sur une période de trois mois. Ces femmes ont ensuite été suivies pendant quinze mois afin d’identifier et de prendre en charge d’éventuels effets indésirables et d’étudier la réponse immunitaire induite par la vaccination."
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"Une capacité potentiellement protectrice"
Les chercheurs ont alors constaté que le vaccin était "bien toléré" dans l’organisme des femmes, et que les effets indésirables se limitaient à "des douleurs au site d’injection". "Nous avons mis en évidence que la quantité d’anticorps générés par le vaccin augmente après chaque vaccination et que ceux-ci persistent pendant plusieurs mois", se réjouit Benoît Gamain. "Il semble donc que le vaccin ait une capacité à déclencher une réponse immunitaire durable et potentiellement protectrice." De futurs essais cliniques seront menés pour analyser la réponse immunitaire à plus long terme.
Le paludisme, maladie infectieuse transmise par les moustiques et pour laquelle il n’existe jusqu’à présent aucun vaccin, est surtout présent en Afrique. "90% des cas de paludisme" se trouvent "dans les zones tropicales d’Afrique", indique l’Institut Pasteur. Mais la France n’est pas totalement épargnée, notamment dans les régions d’Outre-mer. "Les départements de la Guyane et de la Mayotte sont les seules zones du territoire où le paludisme est présent , selon le ministère des Solidarités et de la Santé. "En métropole, les cas de paludisme sont observés de façon quasi-exclusive chez des personnes de retour de pays où la transmission du paludisme est active."