Protections hygiéniques : les tampons sont-ils à l'origine du syndrome de choc toxique ?

TF1
Publié le 19 février 2020 à 15h33, mis à jour le 19 février 2020 à 17h29

Source : JT 20h Semaine

ENQUÊTE – Utilisés par les femmes pendant leur cycle menstruel, les tampons hygiéniques font l’objet de critiques régulières et sont notamment accusés d’être à l’origine du syndrome de choc toxique. Qu’en est-il vraiment ? TF1 a mené l’enquête.

C’est un sujet de santé publique longtemps resté tabou mais pourtant présent dans la vie des femmes : les protections hygiéniques. Au cours de sa vie, une femme en utilise 11.000. Pourtant, depuis quelques années, la composition des tampons est régulièrement remise en cause. Ces protections pourraient en effet être l’origine du syndrome de choc toxique, une maladie infectieuse liée aux règles. Qu’en est-il vraiment ?

"Les médecins ont retrouvé un staphylocoque dans mon tampon"

Cette maladie encore méconnue est rare. Mais elle peut avoir des conséquences gravissimes. Claire Laplace, musicienne, a ainsi passé plus d'une semaine aux urgences à cause de ce syndrome. Il y a trois ans, alors qu’elle était en pleine préparation d’un concours, elle se sent soudainement épuisée. Elle croit d’abord à une grippe ou une indigestion. "Au début, j'ai eu des vomissements, de la fatigue puis dans un deuxième temps de la fièvre", raconte-t-elle au micro de TF1, dans la vidéo en tête de cet article. Elle est finalement emmenée aux urgences, où elle passera neuf jours, dont quatre en réanimation.

En cause, la protection hygiénique qu’elle avait utilisée. "Les médecins ont envoyé le tampon pour qu'il soit analysé. Ils y ont retrouvé un staphylocoque (ndlr : une bactérie)", raconte Claire Laplace. "A priori, mon état infectieux était lié à cela." Cette maladie, qui touche une vingtaine de femmes chaque année en France, s’appelle donc le syndrome de choc toxique. Dans les cas les plus dramatiques, elle peut entraîner des amputations, voire la mort. Les symptômes sont multiples : vomissements, fièvre, diarrhée, fatigue, maux de tête ou pertes de connaissance.

De quoi le tampon est-il composé ?

Dans les rayons des supermarchés, difficile pour les consommatrices de connaître la composition exacte du produit. Lorsqu’elle est indiquée, elle est très souvent rudimentaire. "Du coton, du polyester, du polyéthylène... Que des noms inconnus !", souligne une femme interrogée par TF1.

Mais selon 60 millions de consommateurs, cette composition serait incomplète. Après avoir analysé les produits de plusieurs marques, le magazine a trouvé d’autres composants au sein de ces protections hygiéniques : des perturbateurs endocriniens et des substances cancérigènes. "Nous avons détecté du glyphosate et son résidu", regrette Justine Berteau, ingénieure santé et cosmétiques pour 60 millions de consommateurs. Une "dioxine et des dérivés chlorés", des composés chimiques, ont également été repérés.

Des accusations démenties par les fabricants

Ces études sont pourtant systématiquement remises en cause par les fabricants. Pour rassurer les consommatrices, ils n’hésitent pas à communiquer via des vidéos sur internet ou des spots publicitaires. "Les tampons ne sont pas blanchis au chlore et ne contiennent pas de pesticides", peut-on entendre dans une annonce. 

Pour les syndicats des fabricants, les composés détectés ne présentent d'ailleurs aucun danger. "L’agence de sécurité sanitaire (Anses) a analysé les substances et a conclu qu’il n’y avait aucun risque sanitaire", remarque Valérie Pouillat, du Syndicat des fabricants de protections hygiéniques Group’hygiène. Mais les interrogations persistent, comme en témoignent les chiffres de vente des protections hygiéniques, qui ont chuté de 13% en quatre ans. 

Quelles sont les solutions ?

En France, le professeur Gérard Lina, qui travaille au Centre national de référence des staphylocoques à Lyon, est le seul à étudier cette maladie. Ses tests ne révèlent aucun lien entre la composition du tampon proprement dite et les infections. Toutefois, le tampon joue tout de même un rôle important. "Il favorise la maladie en bloquant l’élimination du sang menstruel", explique à TF1 le microbiologiste. "Si le staphylocoque est présent, il va utiliser le fluide menstruel comme milieu de culture. Il va se multiplier, et au bout d'un certain temps, il va produire la toxine."

Le choc toxique pourrait donc résulter d’une mauvaise utilisation du tampon. "Le piège est d’utiliser un tampon qui a une grande faculté d’absorption pour des règles de petit volume", explique Amina Yamgnane, gynécologue obstétricienne. Dans ce cas, "les femmes ont tendance à le laisser jusqu’à 20 heures car il n’est jamais plein. Mais c’est à ce moment qu'elles s’exposent au syndrome de choc toxique". Pour limiter les risques, mieux vaut donc ne pas dépasser les six heures d’utilisation et se laver les mains.


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