SEXUALITÉ - Depuis sa mise en circulation, en 2006, le vaccin Gardasil, qui protège contre certains des papillomavirus humains, fait l'objet de nombreuses craintes. Certains parents auraient par exemple peur qu'il n'incite leur fille à commencer sa vie sexuelle plus tôt, et de manière non protégée. Mais selon une étude d'ampleur menée au Canada, il n'en est rien.
Depuis 2006, des centaines de millions de jeunes filles ont été vaccinées contre les papillomavirus humains (HPV) à travers le monde. Ces virus sexuellement transmissibles sont responsables chaque année de 4.200 nouveaux cancers ano-génitaux (col de l'utérus, vagin, vulve, anus) et de 1.450 cancers ORL (gorge, bouche) en France. Si le vaccin promet de protéger 90% des cancers ano-génitaux et 75 à 95% des lésions pré-cancéreuses liés aux HPV, beaucoup de parents refusent toujours de le faire administrer à leur fille. Certains d’entre eux auraient la crainte qu'elles n'aient des rapports sexuels plus tôt ou non protégés, sous prétexte qu’elles sont débarrassées d’un certain nombre de problèmes liés à leur sexualité. Or, selon une étude publiée dans le Canadian Medical Association Journal, ce serait tout l’inverse.
Nous pouvons affirmer que le vaccin HPV n’augmente pas les comportements à risque chez les adolescents
Elizabeth Saewyc, l’une des auteurs de l’étude
Pour les besoins de l’étude, les données concernant la sexualité de près de 300.000 jeunes filles âgées de 12 à 18 ans ont été examinées par les chercheurs à trois dates différentes : 2003, 2008 (année d’introduction d’un programme de vaccination contre les HPV au Canada), et 2013. En 2003, 21% d'entre elles déclaraient avoir eu un rapport sexuel. Elles n’étaient plus que 18% en 2013. Et parmi les filles sexuellement actives, la prise d’une contraception orale a dans le même temps augmenté de 9%, tandis que les grossesses de filles-mères ont diminué de 42%.
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"Nous pouvons affirmer que le vaccin HPV n’augmente pas les comportements à risque chez les adolescents", affirme à CBS News Elizabeth Saewyc, l’une des auteurs de l’étude, également directrice d’une école de sages-femmes à l’Université de Colombie britannique. "En fait, les jeunes font de meilleurs choix pour leur santé aujourd’hui qu’ils ne l’on jamais fait." Elle concède cependant que d'autres facteurs, tels qu'une meilleure information dispensée sur la santé sexuelle qu'il y a une décennie, ont aussi pu jouer sur ces résultats.