Une femme atteinte d'insuffisance ovarienne précoce accouche de jumeaux

Publié le 7 juin 2019 à 15h22, mis à jour le 7 juin 2019 à 17h45

Source : Sujet JT LCI

PROGRÈS - Une femme atteinte d'insuffisance ovarienne précoce a pu donner naissance à des jumeaux grâce à la maturation de ses derniers ovocytes in vitro. Une première mondiale annoncée mercredi par ses médecins, exerçant à l'AP-HP.

Sans l'ingéniosité de ses médecins, elle n'aurait jamais pu être maman une seconde fois. Une femme diagnostiquée à 37 ans d'une atteinte d'insuffisance ovarienne précoce a réussi à donner naissance à des jumeaux grâce la maturation en laboratoire de ses derniers ovules au centre d’assistance médicale à la procréation (AMP) de l’hôpital Jean-Verdier AP-HP de Bondy (93). Une première mondiale annoncée mercredi par ses médecins. "La mère ainsi que les bébés, des garçons nés en décembre 2018 à Paris, sont en parfaite santé", affirme à l'AFP le professeur Michaël Grynberg, chef du service de médecine de la reproduction et préservation de la fertilité à l'hôpital francilien Antoine Béclère (AP-HP).

Dans son cas, cette insuffisance ovarienne débutante avec arrêt des règles est due à une maladie auto-immune. "Mais nous nous sommes aperçus à l'échographie qu'il lui restait quelques ovules immatures", relate le professeur Grynberg.  "Là où d'autres auraient dit il n'y a rien à faire", son équipe et celle du docteur Sifer, responsable du laboratoire de biologie de la reproduction à l'hôpital Jean-Verdier, ont proposé de recourir à la technique de maturation d'ovocytes in vitro (MIV). Elle est d'habitude utilisée dans le cas d'autres pathologies hormono-dépendantes, comme le cancer du sein, par manque de temps (chimiothérapie d'urgence) ou de réponse des ovaires, ce qui était ici le cas.

Des ovocytes portés à maturation grâce à des hormones et des facteurs de croissance

Pour tenter d’exaucer le désir de cette femme, dont l'anonymat a été préservé, les médecins ont prélevé des ovocytes immatures par ponction ovarienne à travers le vagin, sous contrôle de l'échographie, sans aucune stimulation hormonale préalable. Cette opération s'est faite sous anesthésie locale. 

Les ovocytes ont ensuite été portés à maturation au laboratoire pendant 24 à 48 heures, notamment  à l'aide d'hormones et de facteurs de croissance. Un certain nombre d'entre eux ont atteint le stade de la maturité et ont été fécondés en vue d'une vitrification embryonnaire, méthode de congélation ultrarapide qui permet une meilleure survie des embryons une fois décongelés.

Pour mettre en condition son utérus pour l'implantation des embryons, la patiente a par ailleurs reçu des hormones. "Sans cette solution de la dernière chance, les quelques ovules restant allaient inéluctablement disparaître, être détruits, et la patiente allait être stérile", assure le Pr Grynberg.

"Cela confirme l'intérêt majeur de cette technique de MIV, associée à la vitrification ovocytaire ou embryonnaire pour  préserver la fertilité féminine dans certaines indications où aucune autre option n'est envisageable", selon le docteur Sifer. Quelques mois plus tard, les jumeaux étaient nés.

D’autres grossesses, dans un contexte similaire, sont actuellement suivies au centre d’AMP de l’hôpital Jean-Verdier. Dans le monde, 6.000 enfants sont nés grâce à la MIV dont 200 en France, rappelle le professeur Grynberg. La première naissance remonte à 1993 aux Etats-Unis.


La rédaction de TF1info

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