"American Nightmare 3" : effroyable mode opératoire pour purger la société américaine

Mehdi Omaïs
Publié le 20 juillet 2016 à 7h30
"American Nightmare 3" : effroyable mode opératoire pour purger la société américaine

CRITIQUE – Ames sensibles s’abstenir. Ce mercredi déboule en salles le troisième volet d’"American Nightmare". Supérieur aux précédents épisodes, le long métrage gore et trash de James DeMonaco dresse un portrait toujours plus halluciné d’une société cancérisée par la violence.

Née de la productive maison Blumhouse, spécialisée dans la mise en orbite low cost de films d’horreur (ultra) rémunérateurs, la franchise American Nightmare vient de mettre bas un troisième volet. Déjà crédité de 71 millions de dollars au box-office US pour un budget divisible par 7, cet opus perpétue le concept originel de la saga : celui d’une purge, initiée par le gouvernement d’une Amérique dystopique, qui autorise chaque année, le temps d’une nuit, chaque quidam à s’adonner à n’importe quel débordement sanglant. Des meurtres, des agressions, des embuscades… Bref : une barbarie folle qui viserait, selon les défenseurs de la manifestation, à assainir la société. On vous l'accorde : pas facile, dans le douloureux climat actuel, d'y foncer spontanément. Pour les plus courageux et les fans du cinéma de genre, voici toutefois trois bonnes raisons de tenter l'expérience filmique. 

 Parce que c’est un survival palpitant…
L’intrigue prend racine en 2025. La Purge, longtemps adoubée par les citoyens américains, voit ses nombreux détracteurs monter au créneau par la voie de la sénatrice démocrate Charlene Roan (Elizabeth Mitchell). L’intéressée, héroïne de ce troisième épisode, espère coûte que coûte y mettre fin sachant qu’elle a perdu des membres de sa famille dans ces circonstances. Et ce, alors qu’elle était enfant. Pour faire taire à jamais cette future présidente en puissance, ses farouches opposants décident de dépêcher des sbires. Une quête pour sa survie, menée tambour battant, s’engage alors.

 Parce que ça fait écho à l’actualité…
La violence n’est pas une solution. Pour le démontrer, le scénario passe à la moulinette des séquences d’une cruauté graphique décomplexée. On vous le concède volontiers : il y a au creux de cette approche une forme de schizophrénie malsaine –figurer ce que l’on entend dénoncer. Mais une rage palpite indubitablement sous cette métaphore drapée d’une tenture d’hémoglobine. Un hurlement de douleur face à une Amérique fracturée à tous ses étages, cariée par les violences –notamment policières– qui la secouent dans sa quotidienneté, abreuvée d’armes et shootée à la propagande ultra-sécuritaire.  

 Parce que la critique est cinglante…
Alors que la campagne présidentielle américaine bat son plein, et que les clivages sont plus marqués que jamais au gré des turpitudes planétaires, American Nightmare débarque avec un timing diabolique. Au-delà de son accoutrement de série Z (quoi que le filmage soit ici nettement plus qualitatif que celui des deux précédents films), cette production lamine le lobbying de l’armement et la fameuse NRA. Elle étrille également, sans détour (et sans nommer personne), le parti républicain et son idéologie. Le résultat n’en est que plus manichéen et binaire, charriant une dichotomie qui colle à son cynique jusqu’au-boutisme.

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