"Au nom du fils" : le réalisateur Vincent Lannoo répond aux cathos intégristes

Publié le 6 mai 2014 à 11h05
"Au nom du fils" : le réalisateur Vincent Lannoo répond aux cathos intégristes

POLEMIQUE - En raison de la pression exercée par des groupes de cathos intégristes, "Au nom du fils" ne sera visible que dans 25 salles françaises. Le réalisateur belge Vincent Lannoo revient sur cette censure et les origines de sa comédie sur la pédophilie au sein de l’Eglise Catholique.

Dixit l’affiche, Au nom du fils, c’est La vie est un long fleuve tranquille rencontre Kill Bill. Entre humour décomplexé et giclées de sang fulgurantes, cette comédie belge tire le portrait d’une mère de famille ultra catho qui, après la mort de son fils abusé par un prêtre, décide de liquider les pédophiles planqués parmi les ecclésiastiques. Politiquement incorrect, délectable (malgré une baisse de régime à mi-parcours), le film et porté par une sublime justicière vengeresse (Astrid Whettnall) à qui l’on donnerait volontiers le bon dieu sans confession. Vincent Lannoo, son sympathique auteur, s'en explique :

Un coup de sang pour déclic
"En général, j’ai envie de faire un film quand quelque chose me met en colère. Dans ce cas précis, il s’agissait du silence de l’église face aux agissements des prêtres pédophiles. Comme je crois profondément au pouvoir du décalage pour dire les choses, j’en ai fait une comédie noire."

Toute ressemblance n’est pas fortuite
"La plupart des discours et répliques du film existent. Nous les avons lus ou entendus sur des radios catholiques, dans des émissions chrétiennes, des biographies de curés... Ces propos sur la parole toute puissante et indiscutable de Dieu sont tellement insupportables qu’ils en deviennent drôles. Tout comme ces camps d’entrainement de groupuscules intégristes dont l’existence et l’absurdité sont bien réelles."

Un financement en marge
"Notre seule chance était de trouver un producteur comme Lionel Jadot, assez fou pour mettre l’argent sur la table. Les aides, les subventions, il fallait oublier : ils avaient tous peur du blasphème, d’une réaction violente en salles. Comme les exploitants aujourd’hui. Mais la peur est mauvaise conseillère. Nous avons fait beaucoup de projections réunissant des laïques, des victimes, des cathos, et à part un ou deux énervés qui crient au scandale, le film est hyper bien reçu."

Du système D
"Nous avions écrit une fausse version du scénario que nous communiquions aux églises dans lesquelles on voulait tourner. Mais l’épiscopat a vite compris notre manège. On a donc filmé dans des églises désacralisées ou en secret, quand le curé partait faire des courses."

Une affiche censurée
"Tenir une arme sur une affiche comme Schwarzy sur celle de Sabotage ne pose aucun problème. En revanche, exposer une vierge un peu traficotée est apparemment inacceptable . Les afficheurs craignaient que les intégristes s’en prennent aux abribus ou aux salles avec l’affiche belge et ont pensé qu’une nonne couchée dans une mare de sang passerait mieux en France. J’aime bien cette image mais je refuse de me taire sur le principe : c’est aberrant qu’une minorité d’intégristes arrive à faire passer la censure dans une démocratie".


La rédaction de TF1info

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