Donnie Darko : le film culte avec Jake Gyllenhaal fête ses 15 ans

Publié le 22 novembre 2016 à 14h28
Donnie Darko : le film culte avec Jake Gyllenhaal fête ses 15 ans

PHÉNOMÈNE. Il y a pile 15 ans, le réalisateur Richard Kelly avait bien commencé sa carrière avec "Donnie Darko", un film aux combinaisons hallucinantes construit comme un complot paranoïaque, préfigurant cinq ans avant le cauchemar Kafkaïen de "Southland Tales". Une bande-annonce spécialement créée pour l'événement permet de revoir le film des premières fois, sorti dans les salles US le 26 octobre 2001, où Jake Gyllenhaal irradiait en ado lunaire.

Non, vous ne rêvez pas, le génial Donnie Darko de Richard Kelly a 15 ans. A cette occasion, la boîte de production BFI propose de redécouvrir le film à travers l'édition d’un blu-ray collector. Les aficionados pourront ainsi revisionner le long métrage en 4K, dans deux versions - celle que nous avons tous vu en salles et la director’s cut. Parmi les bonus, des commentaires audio du réalisateur, de Jake Gyllenhaal, des interviews des acteurs (entre autres, Jena Malone, récemment vue dans The Neon Demon et Drew Barrymore, ici actrice et productrice), un journal de bord ou encore le clip de Mad World, la cultissime reprise du standard de Tears for Fears par Gary Jules. 

Ce film raconte le destin de Donnie Darko (Jake Gyllenhaal), un adolescent de seize ans pas comme les autres. Intelligent et doté d'une grande imagination, il a pour ami Frank (James Duval, sous le costume), une créature que lui seul peut voir et entendre. Lorsque Donnie survit par miracle à un accident, Frank lui propose un étrange marché. La fin du monde approche et ce dernier doit accomplir sa destinée. Des événements bizarres surviennent dans la petite ville tranquille, mais Donnie sait que derrière tout cela se cachent d'inavouables secrets. Frank l'aidera à les mettre à jour, semant ainsi le trouble au sein de la communauté. 

Le réalisateur Richard Kelly a seulement 26 ans lorsqu'il réalise ce premier long-métrage merveilleux qui a connu un succès tardif – plus affirmé en DVD que dans les salles. Autre particularité : il est sorti aux États-Unis juste après les attentats du 11 Septembre: "Donnie Darko a été perçu différemment après le 11 septembre, d’une façon plus profane. Mais je crois que c’est le cas de tout film qui traite d’émotions profondes, de religion, de destin ou de fatalité." 

Les années 80 avant la fin du monde

Donnie Darko est né de cette idée d’un réacteur qui tombe de nulle part. De là, le conte sur le passage à l’âge adulte. En surface, le résultat évoque un mélange de la noirceur fascinante d’Alan Ball, le créateur de la série Six Feet Under, et de la séduction plastique de David Lynch. 

Cette histoire de super-héros qui s’ignore (Jake Gyllenhaal, alors inconnu), persuadé que la fin du monde a lieu dans vingt-huit jours, devient une plongée dans le quotidien de personnages qui tentent de véhiculer une image rassurante alors qu’en réalité, ce sont des monstres. 

Le plus bel exemple reste le prédicateur Jim Cunningham (incarné par feu Patrick Swayze) qui donne l’image d’un moralisateur exemplaire alors qu’il possède dans sa cave des vidéos à caractère pédophile: "Patrick était une icone des années 80. Quand on lui a proposé le rôle (celui d’un prédicateur bidon), il n’a pas hésité une seconde à casser son image. Ça en dit long sur son sens de l’humour et sa volonté de prendre des risques."

Un film parcouru par le spleen des doux rêveurs désabusés

Ce qui est impressionnant dans Donnie Darko, outre la capacité de Kelly à maîtriser la densité du script, c’est la maturité du propos : "J’ai écrit le script de Donnie Darko avant de voir Magnolia, mais je ne peux pas nier l’influence majeure qu’il a exercée sur moi. À mon avis, c’est un des films les plus importants des années 90. La dextérité avec laquelle Paul Thomas Anderson raconte une histoire aussi épique avec des moments aussi intimes est monumentale." 

Il y a aussi un mal-être, une ambiance morose, déprimante, surlignée par la bande-son magique de Michael Andrews. Il y a aussi une dimension fantastique discrète qui lorgne vers la science-fiction, qui triture les codes des paradoxes spatio-temporels (le réacteur d’avion dans lequel sont la mère et la fille qui se retrouve, vingt-huit jours plus tôt, dans la chambre du héros). 

Très proche de Ghost World, de Terry Zwigoff (le vieil homme énigmatique assis sur un banc attendant un bus qui ne vient pas ressemble au personnage de Grand-mère-la-mort), Donnie Darko est un film faussement doux et léger sur le sacrifice d’un adolescent trop intelligent qui n’arrive pas à trouver sa voie dans une société rongée par l’uniformité. 

L’action se déroule à la fin des années 80 et à l’époque, Richard Kelly n’était qu’un Donnie Darko comme les autres : les étudiants portaient les mêmes uniformes, les lapins géants venaient hanter les nuits, les enfants créaient des groupes de danse, les ados se déguisaient pendant les fêtes d’Halloween, les vieilles femmes attendaient du courrier dans leurs boîtes aux lettres vides, les prédicateurs tentaient d’inculquer des valeurs patraques, les Duran Duran et autres Tears for Fears cartonnaient au hit-parade, les cinémas proposaient en double-programme La dernière tentation du Christ et Evil Dead, et le spleen des doux rêveurs désabusés, ceux qui avaient peur de mourir le lendemain, se propageait comme un incendie.


Romain LE VERN

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