PORTRAIT - Du "Diable s’habille en Prada" à "La fille du train", l'adaptation du thriller à succès de Paula Hawkins, en salles mercredi, l’actrice britannique Emily Blunt s’est frayée un chemin jusqu’au sommet d’Hollywood. Retour sur l’ascension fulgurante d’une comédienne qui ne se donne plus de limites.
Les cinéphiles avaient déjà remarqué son jeu tout en nuance et son regard bleu pâle dans My Summer of Love du Polonais Paweł Pawlikowski. Mais c’est avec Le Diable s’habille en Prada, en 2006, qu’Emily Blunt s’est imposée à Hollywood. La jeune femme y joue l’assistante éreintée par une Meryl Streep alors au sommet de son sadisme. En retour, la légendaire comédienne gratifia la jeune anglaise d’un compliment 24 carats : "La meilleure jeune actrice avec laquelle j’ai travaillé depuis un bon moment, peut-être même depuis toujours." Rien que ça ! Pas mal pour une ancienne bègue, un défaut d’élocution soigné, enfant, par le théâtre.
Depuis Emily Blunt enchaîne les rôles. À peine a-t-elle le temps d’épouser l’acteur John Krasinski, la star de la série The Office, en 2010, qu’on la retrouve, en 2014, en train de zigouiller des aliens à tour de bras aux cotés de Tom Cruise dans Edge of Tomorrow. L’année suivante dans Into The Woods, l’adaptation de la comédie musicale de Stephen Sondheim par Disney, le public découvre un autre talent de l’actrice: son chant. En interview, la jeune femme révèle qu’à 18 ans, des producteurs britanniques voulaient faire d’elle "la nouvelle Britney Spears". Raté !
"Jétais très heureuse qu’on pense à moi pour incarner Rachel"
Emily Blunt
Dans Sicario (2015) de Denis Villeneuve, la comédienne joue une agent FBI aux prises avec des trafiquants de drogues mexicains puis enchaine en incarnant la soeur givrée de Charlize Theron dans Le Chasseur et la Reine des glaces. Dans La fille du train, elle campe cette fois une femme à la dérive, bouffie par l’alcool et le chagrin. Au passage, l’actrice cloue le bec aux mauvaises langues qui la jugeaient "trop jolie" pour incarner le rôle de Rachel, à commencer par l’auteure Paula Hawkins.
"D’une manière un peu bizarre j’avoue que j’étais très heureuse qu’on pense à moi pour incarner Rachel", confie Emily Blunt à LCI.
"Jouer un personnage sombre, déprimée, torturée, remplie de haine, je n’avais jamais fait ça avant", avoue-t-elle. "Je suis contente qu’on ait eu confiance en moi, qu’on pense que j’étais capable d’assumer ce rôle." A l’écran, la comédienne livre sans doute la performance la plus impressionnante de sa carrière. La plus nuancée surtout. "A certains moments mon personnage est joyeux, pipelette, vivante", observe-t-elle. "Et à d’autres elle est en colère, haineuse. Je n’ai pas essayé de jouer sur le côté rigolo de la fille bourrée, mais plutôt de coller à son état émotionnel."
Aux Etats-Unis, La Fille du Train est entré à la première place du box-office, début octobre, et cumule à ce jour plus de 58 millions de dollars de recettes sur le sol américain, et plus de 100 millions avant même sa sortie française. Presque inespéré pour un film hollywoodien qui privilégie le scénario et les acteurs aux effets spéciaux. "Je suis fière de participer à un film qui offre des rôles plus intéressants que d’habitude pour les femmes", savoure Emily Blunt. "Surtout qui casse cette idée que pour être bankable, une actrice doit être belle et attirante."
Son prochain rôle sera l’occasion d’un nouveau changement de registre puisqu’elles’apprête à enfiler les jupons de Julie Andrews dans Mary Poppins Returns, même si elle avoue être terrifiée par la comparaison, comme elle le confiait récemment au site PopSugar : "Quand Rob Marshall m’a appelée, j’étais à la fois ravie et paralysée par la peur (…) Quand j’ai dit que je prenais le rôle, une amie m’a dit: "Wow. T’as des couilles en acier !" J’ai répondu : Ne dis pas ça ! Ça me fiche encore plus les jetons !"