Gandalf, Sherlock Holmes, son homosexualité : Ian McKellen se confie

Publié le 3 mai 2016 à 12h05
Gandalf, Sherlock Holmes, son homosexualité : Ian McKellen se confie

INTERVIEW – C’est avec une élégance d’un autre temps que Ian McKellen, 76 ans, s’est glissé sous les traits d’un Sherlock vieillissant dans Mr. Holmes, en salles ce mercredi. L’interprète du légendaire Gandalf est revenu pour metronews sur cette expérience. Et bien plus encore. Rencontre !

Quand avez-vous entendu parler de Sherlock Holmes pour la première fois ?
Il me semble que ce personnage, comme tant d’autres, vit dans notre inconscient depuis toujours. Je me souviens avoir lu des histoires courtes qui le mettaient en scène. Elles étaient accessibles aux enfants. Bien après, j’ai vu des acteurs l’incarner à la télévision et au cinéma. Vous imaginez : 120 comédiens se sont prêtés au jeu. Au final, c’est moi qui ai fini par me glisser sous les traits du vrai de vrai (rires). Plus sérieusement, j’ai joué Hamlet au théâtre sans me soucier de ceux qui m’avaient précédé parce que chacun est capable d’apporter sa singularité. (Réflexion) Le scénario de Mr. Holmes était vraiment superbe. Le message qui s’en dégage est le suivant : il n’est jamais trop tard, même à 93 ans, pour découvrir quelque chose de nouveau sur soi.

Comme vous le dites, ce personnage a en effet été exploité de nombreuses fois. Pourtant, on a l’impression ici qu’il est flambant neuf…

C’est justement tout le sel de ce projet. Bien sûr, tout le monde aime le voir effectuer ses raisonnements logiques. Mais là, on s’intéresse avant tout à l’homme qui est derrière le mythe. C’était drôle de le jouer ainsi. J’espère que le public y découvrira une facette nouvelle. Par ailleurs, j’ai trouvé ça touchant qu’il ait été vivant en 1945, après la guerre, comme moi… J’aurais ainsi pu être le petit garçon qu’il côtoie dans le film.

Qu’est-ce qui a été le plus contraignant dans ce rôle ?

Les abeilles (Sherlock Holmes fait de l’apiculture à ses heures perdues, ndlr)… D’entrée, j’ai dit au réalisateur Bill Condon que j’adorais son projet, sa trame, son casting… Mais qu’il était hors de question que je travaille avec des abeilles (sourire). Je n’ai pas eu le choix. On m’a montré comment m’y prendre et, heureusement, ni moi ni les autres n’avons été piqués. Ces bestioles avaient sûrement autre chose à faire que s’en prendre à nous…

Dans la série The Big C, Laura Linney, qui vous donne la réplique dans Mr. Holmes, lâche la réplique suivante : "C’est un privilège de vieillir". Etes-vous d’accord ?
(Laconique) On connait tant de gens qui sont morts trop jeunes. Chaque jour doit être vécu à fond car on ne sait pas de quoi demain sera fait. Cela dit, vieillir peut être très difficile, douloureux, déplaisant… La mort vient parfois comme une délivrance. Mon souhait est de poursuivre ma route sur Terre en restant maître de mes facultés.

Vous avez incarné des personnages iconiques comme Magneto ou Gandalf.
 Ces rôles sont-ils, d’une certaine façon, devenus un fardeau ?
On fait ce métier pour le public. Magneto et Gandalf sont des personnages extraordinaires. Cela ne me dérange aucunement d’être rattaché à jamais à eux. On tourne après tout dans des films pour qu’ils soient vus par le plus grand nombre. Qui suis-je pour m’en plaindre ? Ce qui est atroce, c’est d’être célèbre pour une œuvre qu’on n’aime pas, dont on n’est pas fier.

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Vous êtes co-fondateur de Stonewall, une association anglaise qui milite pour les droits des homosexuels (Ian McKellen a réalisé son coming out en 1988, ndlr). Avez-vous le sentiment que ça va mieux ou, qu’au contraire, la route est encore longue ?
Les améliorations ont été conséquentes ces dernières années, surtout en Angleterre. Aujourd’hui, on ne peut pas y être élu à des fonctions d’état si on est homophobe. Il y a quelques mois, un joueur de rugby grand et viril est sorti du placard, c’est bien. Mais hélas, ça n’arrive pas chez les footballeurs… Dans les écoles, les enfants n’ont aucun problème avec l’homosexualité. Les professeurs sont bien moins modernes qu’eux (rires). Je reste positif pour le futur.

Dernière question… Quel acteur vous a donné envie de faire ce métier 
?
Jacques Tati ! Parce qu’en quelques mots, quelques gestes, il dit tout. Personne ne peut jouer comme lui. Les vacances de Monsieur Hulot est mon film préféré. Je l’ai découvert par moi-même. 


La rédaction de TF1info

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