"Guibord s’en va-t-en guerre" : faut-il aller au front avec Patrick Huard ?

Mehdi Omaïs
Publié le 27 juillet 2016 à 7h30
"Guibord s’en va-t-en guerre" : faut-il aller au front avec Patrick Huard ?

CRITIQUE – Après "The Good Lie" et "Monsieur Lazhar", le réalisateur québécois Philippe Falardeau retrace dans "Guibord s’en va-t-en guerre" le périple extraordinaire d’un député québécois. Malgré un atout de charme en la personne du comédien Patrick Huard, cette campagne politicienne gentillette divise.

C’est au-dessus d’une boutique de lingerie qu’officie Steve Guibord, ex gloire du hockey devenu député indépendant chargé de chapeauter l’imposant comté de Prescott-Makadewà-Rapides-aux-Outardes, au nord du Québec. Dossier en cours ? Des Algonquins crient leur désarroi face à une campagne d’abattage d’arbres. Mécontents, ils barrent la route à leurs concitoyens, immobilisant de fait des camionneurs tout aussi courroucés.

Intéressant mais sage

Débordé face à ce contexte social périlleux, Guibord reçoit la visite-surprise de Souverain, un jeune homme motivé tout droit débarqué d’Haïti. Fin stratège et beau parleur ivre de démocratie, ce dernier décroche, contre toute attente, un stage d’assistant. Une aubaine pour l’inexpérimenté Guibord qui, à ses côtés, reprend petit à petit du poil de la bête. Tandis que le duo s’active avec une belle complémentarité, un rebondissement intervient.

Au Parlement canadien, on s’apprête en effet à voter pour une intervention militaire au Moyen-Orient. Et, hasard ou providence, c’est le vote du héros de ce nouveau film de Philippe Falardeau qui fera pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Après The Good Lie et l’excellent Monsieur Lazhar, cité aux Oscars, le cinéaste québécois emprunte la comédie et ses effluves légers pour retranscrire le difficile cheminement politique d’un homme pétri d’humanité.

Pour porter ce personnage, Patrick Huard fait une nouvelle fois mouche. Après notamment sa sublime prestation dans Starbuck, l’humoriste ressert son jeu et offre un visage des plus attendrissants à Guibord. Pris en étau entre sa femme de poigne (Suzanne Clément vue dans Mommy), son stagiaire exubérant, des membres d’un club de poésie ou encore le Premier Ministre, qui lui fait les yeux doux pour aller en guerre, le héros finit par séduire.

Il n’empêche que la parodie à laquelle Falardeau aspirait aurait pu/dû être davantage cinglante. Sur le papier, les interrogations soulevées étaient finalement plus prometteuses et fortes que leur concrétisation à l’écran. Sans nul doute, il manque clairement de l’impertinence et de la folie à l’ouvrage, lequel est constamment enserré et dévalorisé par des personnages secondaires simplistes ou des situations purement triviales et indicatives, à défaut d’être réflexives.       

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Mehdi Omaïs

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