"Je suis à vous tout de suite" : une famille au bord de la crise de nerfs

Mehdi Omaïs
Publié le 29 septembre 2015 à 19h15
"Je suis à vous tout de suite" : une famille au bord de la crise de nerfs

CRITIQUE – Talentueuse scénariste du "Nom des gens" et "Hippocrate", Baya Kasmi est passée derrière la caméra pour les besoins de "Je suis à vous tout de suite", en salles ce mercredi. Soit une chronique familiale globalement inégale qui aborde avec humour des sujets très actuels.

Dans la famille Belkacem, le gène de la gentillesse est nullement récessif. Il n’y a qu’à observer le père (Ramzy Bedia), un épicier débonnaire qui fait crédit au moindre client désargenté. Mieux : son épouse (Agnès Jaoui) s’est autoproclamée psychologue au foyer, soignant bénévolement les névroses du voisinage. Mais au rayon de la bonhomie suprême, leur fille Hanna (Vimala Pons) est un produit top-of-the-range par excellence : une espèce d’Amélie Poulain du sexe – DRH à la ville – qui couche avec les hommes qu’elle blesse. Lunaire derrière son sourire triste, elle est l’antithèse de son frère Hakim (Mehdi Djaadi), fervent musulman, un brin conservateur.

Rupture identitaire

Pour son premier film en qualité de réalisatrice, Baya Kasmi a fait des antagonismes fraternels le socle de son récit. Lequel a été coécrit avec son compagnon Michel Leclerc, réalisateur du Nom des gens, dont elle avait cosigné le scénario d’après son vécu. L’ambition déployée dans Je suis à vous tout de suite est indubitable. On y décèle cette volonté louable de soigner les dialogues et d’aborder frontalement, par le prisme de l’humour, des thématiques qui trustent quotidiennement les médias : religion, famille, banlieue, place de la femme... Et que l’intéressée, franco-algérienne, connait parfaitement. A commencer par cette schizophrénie naturelle qui s’opère chez ceux qui ont tissé leur hamac entre deux cultures.

C’est justement dans l’évocation de la construction de soi que l’auteure et réalisatrice excelle. Si le personnage d’Hanna, l’héroïne du récit, séduit, c’est Hakim qui passionne le plus. Ses va-et-vient, ses hésitations, les contradictions qui l’animent sont croqués avec une certaine subtilité et apportent un éclairage concret sur la notion de mal-être identitaire. On regrettera hélas que le scénario s’embarrasse de sous-histoires inutiles – viol dans l’enfance, don d’organe… – qui ruinent considérablement le tableau. In fine, le spectateur se noie progressivement dans un flot ininterrompu d’informations. De quoi l’éloigner et/ou l’assommer.   

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