"Le procès de Viviane Amsalem" : cruel divorce à l'israélienne

Mehdi Omaïs
Publié le 25 juin 2014 à 18h13
"Le procès de Viviane Amsalem" : cruel divorce à l'israélienne

COUP DE COEUR - Dans leur nouveau film, Ronit et Shlomi Elkabetz explorent les contradictions de la société israélienne à travers la trajectoire d'une femme qui tente, non sans peine, d'obtenir le divorce de son mari religieux. Un choc.

Et de trois ! Après Prendre femme (2005) et Les 7 jours (2008), la fratrie Elkabetz (Ronit et Shlomi) ferme une formidable parenthèse avec Le procès de Viviane Amsalem. Ces trois œuvres scannent le parcours d’un couple tourmenté et épinglent les contradictions de la société israélienne. "Cette trilogie est inspirée par notre mère, confie Shlomi. Elle est née au Maroc et a toujours vécu entre modernité et tradition. Par ailleurs, ma sœur et moi voulions nous pencher sur notre communauté : les juifs arabes d’Israël."

Dans le premier film, Viviane (Ronit Elkabetz) étouffe à cause d’un mari religieux (Simon Abkarian) la condamnant à une existence ascétique. Dans le deuxième, la tension est hypertrophiée par un décès au sein de la famille. Dans le troisième, elle compte enfin obtenir son divorce. "Il s’agit des trois étapes qui mènent notre héroïne vers la liberté, poursuit le cinéaste. Une femme face à elle-même, face à la société puis face à la loi." 

"Chez nous, un citoyen est défini par sa religion"


Construit sous la forme d’un redoutable huis clos, Le procès de Viviane Amsalem suit sur cinq ans la guerre juridique que se livrent les époux. En Israël, la loi religieuse triomphe sur le mariage civil. Ainsi, une femme ne peut obtenir son divorce qu’avec le consentement de son mari. "Chez nous, un citoyen est défini par sa religion", explique l’intéressé. "Ce pays est par définition la maison du peuple juif. Du coup, ce système permet de contrôler qui est juif ou non".

Avec une véritable maestria visuelle, Ronit et Shlomi crucifient la structure en place. Valsant entre humour décapant et émotion déchirante, ils livrent une œuvre au cordeau, servie par des dialogues et des comédiens inspirés. "On est très proches, on parle beaucoup. On se connaît tellement bien qu’on n’a pas toujours besoin de parler sur le tournage. J’adore regarder le visage de Ronit, le filmer. Il est complètement cinégénique". On valide !
 


Mehdi Omaïs

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