"L'interview qui tue !" en salles mercredi : beaucoup de bruit pour rien ?

Publié le 26 janvier 2015 à 15h58
"L'interview qui tue !" en salles mercredi : beaucoup de bruit pour rien ?

BAD BUZZ – Au cœur d'un incident diplomatique sans précédent avant Noël, "L'interview qui tue !" sort ce mercredi dans les salles françaises. Une comédie qui oscille entre la satire et la (grosse) farce sans vraiment choisir son camp. De là à en faire tout un plat...

Quelle histoire ! A la veille de sa sortie américaine, en décembre dernier, la comédie L'interview qui tue ! était déprogrammée des salles, suite aux menaces d'attentats terroristes d'un groupe de hackers, les Guardians of Peace, déjà responsables de la "fuite" de plusieurs films de Sony Pictures et des boîtes mails de ses grands patrons. Le film, qui retrace les pérégrinations en Corée du Nord d'un animateur de talk show et de son producteur, invités à réaliser un entretien exclusif du dictateur Kim Jong-un, était déjà dans le viseur de ce dernier depuis plusieurs mois.

Qui a piraté qui ? Quand et comment ? Soupçonnée par Washington de tirer les ficelles de ces cyberattaques , Pyongyang niera toute implication en bloc... avant que le film finisse par être distribué sur un circuit limité, en parallèle d'une distribution en VOD qui a rapporté plus de 40 millions de dollars à ce jour. Soit le coût initial de la pochade écrite et réalisée par l'acteur Seth Rogen et son camarade Evan Goldberg. La belle affaire...

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Et le cinéma dans tout ça ? Disons-le tout de suite : L'interview qui tue ! n'est ni un chef d'oeuvre absolu, ni une daube effroyable. Plutôt une farce sans prétention, avec ses morceaux de bravoure... et des moments embarrassants. L'aspect le plus réussi ? Sans aucun doute la satire des médias occidentaux qui occupe la première partie. Dave Skylark, le roi du talk show interprété par James Franco, symbolise à lui tout seul la course au trash qui fait perdre la tête aux rédactions du monde entier. Aaron Rappaport, son jovial producteur, joué par Seth Rogen, n'est-il pas un ancien journaliste d'investigation, qui a troqué ses rêves de Pulitzer dans la course aux parts d'audiences ?

Lorsque ce dernier décroche l'interview de Kim Jong-un, au prix d'un périple rocambolesque à travers la Chine, on ne peut s'empêcher d'imaginer la tête de nos journalistes dits "sérieux" si Cyril Hanouna ou Jean-Marc Morandini, au hasard, décrochaient un entretien exclusif avec Vladimir Poutine ou Fidel Castro parce qu'ils sont "fans" de leurs émissions.
A VOIR >> La bande-annonce de L'interview qui tue !, en salles mercredi

C'est dans la deuxième partie, en Corée du Nord – tournée en intégralité à Vancouver – que les choses se corsent. Alors que le duo a été chargé par la CIA d'éliminer son hôte, Skylark et Kim Jong-un font copain-copain tandis que Rappaport flirte avec la chef de la propagande. Dès lors les gags s'enchaînent - avis aux amateurs d'humour scato - jusqu'à la fameuse interview...

Comme il faut bien une morale à cette histoire, le vilain dictateur finit par dévoiler son vrai visage – du moins d'après les scénaristes. Celui d'un petit garçon mal-aimé par son papa, incapable d'assumer sa passion pour la Margarita et les chansons de Katy Perry. La caricature est grossière, voire simpliste. Peut-être même déplacée. Mais par les temps qui courent, il est bon de rappeler qu'elle ne fait de mal à personne.


Jérôme VERMELIN

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