Oscars 2018 : le magicien Guillermo Del Toro va-t-il être couronné pour "La Forme de l’eau" ?

Publié le 3 mars 2018 à 7h30
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Source : Sujet JT LCI

PORTRAIT – Son dernier film, la romance fantastique "La Forme de l’eau", est le grand favori des prochains Oscars, avec pas moins de 13 nominations. La preuve que le Mexicain Guillermo Del Toro, 53 ans, a eu bien raison de cultiver sa différence au royaume des blockbusters.

Il y a 30 ans tout juste, le jovial Guillermo Del Toro tournait son premier film aux Etats-Unis. C’était Mimic, une terrifiante histoire de cafards qui envahissaient les sous-sols de Manhattan, produite par Miramax, l’ex-société de production d’un certain Harvey Weinstein. Lors d’une avant-première de La Forme de l’eau, en octobre dernier à Londres, le cinéaste mexicain revenait sur l’expérience, non sans humour. "Deux choses horribles me sont arrivées à la fin des années 1990 : mon père a été kidnappé et j’ai travaillé pour les frères Weinstein. Je ne sais pas laquelle était la pire. Mais au moins, avec les ravisseurs, je savais ce qu’on attendait de moi !"

Si l’anecdote a de quoi faire sourire, elle a conditionné toute la carrière de cet ancien maquilleur d’effets spéciaux, élevé par sa grand-mère catholique dans le Mexique des années 1960. Suite à la libération de son père, moyennant rançon, après 72 jours de détention, Guillermo Del Toro choisit de s’exiler définitivement en Amérique. Où, au lieu de se couler dans le moule, il va cultiver son amour des films de monstre, qu’il tourne des blockbusters (Blade 2, Hellboy, Pacific Rim) ou des œuvres plus personnelles comme L’Echine du Diable et Le Labyrinthe de Pan, ce dernier lui ouvrant les portes du Festival de Cannes, en 2006.

Une histoire d'amour baroque et subversive

Conte fantastique, doublé d'un discours puissant sur les discriminations au sens large, La Forme de l’eau a remporté le Lion d'or à Venise en septembre dernier. Dans l’Amérique de la Guerre Froide, Elisa (Sally Hawkins) est la concierge muette d’un laboratoire militaire dont l’odieux patron, le Colonel Strickland (Michael Shannon), vient de capturer une étrange créature, mi-homme, mi-amphibien (Doug Jones, un fidèle de Del Toro). C’est le point de départ d’une histoire d’amour aussi baroque que subversive, somme de toutes les obsessions du cinéaste qui ne cache pas son bonheur d’avoir su imposer sa patte singulière au royaume des films de superhéros.

Guillermo Del Toro : "La Forme de l'eau brise la malédiction des films fantastique"Source : Sujet JT LCI
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"Nous avons déjà gagné le Lion d’or, ce qui n’était jamais arrivé à un film avec des éléments de fantastique", se réjouissait l’intéressé auprès de LCI il y a quelques semaines. "Je pense que l’un après l’autre, les films fantastique brisent la malédiction qui veut que ce genre produise des œuvres mineures. Des films comme Get Out, Mister Babadook ou celui-ci vont à l’encontre des idées reçues comme ce fut déjà le cas du Labyrinthe de Pan."

Aux Golden Globes, début janvier, Guillermo Del Toro a décroché le trophée du meilleur réalisateur tandis que le Français Alexandre Desplat repartait avec celui de la meilleure bande-originale. Dimanche soir, le film sera en lice dans 13 catégories lors de la 90e cérémonie des Oscars, dont celle du meilleur film, du meilleur film et du meilleur scénario original pour son auteur.


Jérôme VERMELIN

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