Peintre génial ou voyou ? Guy Ribes, le plus grand faussaire français, montre l’étendue de sa palette

par Jennifer LESIEUR
Publié le 15 décembre 2016 à 13h53
Peintre génial ou voyou ? Guy Ribes, le plus grand faussaire français, montre l’étendue de sa palette

PORTRAIT CRACHE – "Un vrai faussaire", documentaire de Jean-Luc Léon sorti au cinéma en mars dernier, vient de sortir en DVD. On y fait la connaissance de Guy Ribes, un drôle de marlou capable de peindre à la manière des grands peintres modernes. Ça lui a rapporté des centaines de milliers d’euros… et trois ans de prison.

Prenez Bernard Blier dans Les Tontons Flingueurs, croisez-le avec Gérard Depardieu, mettez-lui un pinceau entre les mains et vous aurez une idée du personnage qu’est Guy Ribes. Ce qu’il dit et ce qu’il montre est tellement hors-la-loi que dans Un vrai faussaire, le documentaire qui lui est consacré, le réalisateur Jean-Luc Léon doit souvent censurer les noms propres et les images qui apparaissent à l’écran…

En 2005, la police a perquisitionné chez Guy Ribes pour mettre la main sur plus de 300 faux tableaux. Une toute petite partie des milliers d’œuvres qu’il a peintes à la manière des grands maîtres, imitant leur style aussi facilement que leur signature : le procès qui a suivi et sa condamnation à trois ans de prison ont sonné le glas de plus de 30 ans d’activité de faussaire, activité hautement lucrative au milieu d’un réseau où se sont croisés d'improbables marchands, héritiers et experts bidon.

Recréer le génie des autres, ça n'a pas de prix

Pourtant, Guy Ribes y tient : il n’a jamais volé son argent. Car le bonhomme ne copie pas : il peint "à la manière de". Et ça demande non seulement une énorme culture picturale, mais aussi un talent artistique qui confine au génie – le tribunal a été le premier à le reconnaître. Ses faux Picasso, ses faux Matisse, ses faux Miro sont non seulement confondants, techniquement parlant : ils sont magnifiques du seul point de vue artistique. C’est l’un des points les plus intéressants de ce documentaire, bien qu’il soit filmé à la hache : un faux a-t-il moins de valeur qu’un vrai ? Et quels sont les faux de Ribes qui figurent encore dans des musées, des catalogues raisonnés et des collections privées ?

On peut trouver que ce sexagénaire arrogant en fait un peu trop, et il articule si peu qu’il fait parfois regretter l’absence de sous-titres. Mais son côté voyou est authentique : né dans une maison close, d’un père gangster, meurtrier, et d’une mère maquerelle et voyante, il aurait pu tourner plus mal. Son don pour le dessin et la peinture lui ont permis de vivre une vie de flambe, de voyages et de propriétés luxueuses. La justice lui en a pris une bonne partie, sans éteindre sa gouaille. Celle-ci demeure son seul bien, avec son bonheur de peindre, désormais sous son nom. Le début d’une seconde carrière ?


Jennifer LESIEUR

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