PORTRAIT - Film marquant de la compétition au Festival de Deauville, "Thunder Road" raconte comment un policier texan essaie tant bien que mal d'élever sa fille et propose en filigrane le portrait tragi-comique d'une figure d'une Amérique vacillante. Le réalisateur-acteur Jim Cummings, dont c'est le premier long métrage, a été remporté le Grand prix du jury.
Pour un premier long-métrage, Jim Cummings a fait fort ! Le réalisateur et acteur principal de 31 ans a remporté le Grand prix du jury du festival du cinéma américain de Deauville pour son film "Thunder Road", a annoncé la présidente du jury Sandrine Kiberlain. Le Prix du jury est attribué à deux films: "Night comes on", un premier film, de Jordana Spiro, et "American animals", un premier film de Bart Layton.
Avant d'être un long-métrage, Thunder Road trouve son origine dans un court-métrage éponyme produit en 2016 et vainqueur du Grand Prix du Jury au Festival de Sundance cette année-là. On y voyait alors un long plan-séquence inaugural dans lequel un flic (Jim Cummings) parle à l’enterrement de sa mère et se laisse déborder par ses émotions contradictoires. La sidération de ces dix premières minutes est totale, mélangeant grotesque et tragique dans un même élan.
Jim Cummings, déjà scénariste, réalisateur et interprète du court, a décidé de le développer en long, s'ouvrant sur cette même séquence, prolongeant ce sentiment de drôlerie, de malaise et de mélancolie. Un film qui, au Festival de Deauville, a fait rire et pleurer les spectateurs et qui, dixit le réalisateur, tente de reproduire ce que les films d'animation de Pixar provoquent lorsqu'on les voit.
Une façon nouvelle de faire des films
Le plus bluffant dans cette affaire, c'est que Thunder Road repose entièrement sur les épaules de son interprète principal, Jim Cummings, également réalisateur et scénariste. En d'autres termes, il a multiplié les casquettes pour se donner à 100%.
Alors, faut-il y voir un ego-trip de comédien voulant rivaliser les performances de Jim Carrey en Andy Kaufman dans Man on the moon ? Non, plutôt une réelle nécessité économique, à une heure où le cinéma indépendant américain peine à survivre : "J'ai tout fait sur ce film, j'ai joué, réalisé, monté, j'ai appris After effects pour nettoyer certains plans, j'ai composé deux trois chansons au ukulélé et à l'orgue que j'ai enregistrées sur mon iPhone. Et j'ai fait trop de choses sur ce film. Pour le prochain, je déléguerai davantage aux autres. Pendant des années, j'étais si seul, si déprimé, je n'avais aucune bonne influence. J'ai dû apprendre tout seul que je pouvais faire un film seul, sans écouter ceux qui me disaient le contraire. Et donc j'ai compris rapidement que je devais être ce mec se rendant au sommet de la montagne se rendre compte que personne ne va l'aider. Mon message aux jeunes cinéastes : n'attendez rien, tournez !"
Thunder Road de Jim Cummings sort dans les salles françaises le 12 septembre