"Seven" de David Fincher, le thriller le plus noir des années 90

Romain LE VERN, à Deauville
Publié le 1 septembre 2017 à 11h09, mis à jour le 1 septembre 2017 à 11h44
"Seven" de David Fincher, le thriller le plus noir des années 90

DEAUVILLE 2017 - A l'occasion du 43e Festival du Cinéma Américain de Deauville, qui s'ouvre ce vendredi jusqu'au 10 septembre, retour sur un classique du cinéma indépendant US devenu archi-culte : l'immense "Seven" de David Fincher avec Brad Pitt, Morgan Freeman et Gwyneth Paltrow, ayant marqué des générations entières de spectateurs. Personne ne s'en est remis. Personne.

Vous vous souvenez forcément tous du moment où vous avez découvert Seven, de David Fincher. C'était peut-être en salles en 1996, lors d'une location au vidéoclub, au gré d'une diffusion TV... 

On y suivait l'inspecteur Somerset (Morgan Freeman), vieux flic blasé qui tombait à sept jours de la retraite sur un criminel peu ordinaire. Ce dernier souhaitait nettoyer la société des maux qui la rongent en commettant sept meurtres basés sur les sept péchés capitaux : la gourmandise, l'avarice, la paresse, l'orgueil, la luxure, l'envie et la colère. Flanqué d'un jeune partenaire (Brad Pitt), l'inspecteur va mener l'enquête, direction l'enfer. 

"Noir ébène, inondé par une pluie incessante, Seven reste encore aujourd'hui une fable apocalyptique à la puissance inégalée."
Alexandre Poncet, journaliste à "Mad Movies"

Le choc Seven, c'était donc il y a plus de 20 ans. C'était avant Fight Club du même David Fincher, toujours avec Brad Pitt. Et personne ou presque s'en est remis. Alexandre Poncet, journaliste au magazine "Mad Movies", se souvient : "Dans la voiture qui me ramène chez moi, rien ne semble pouvoir briser un silence étouffant. Une heure après la projection de Seven, en ce 31 janvier 1996 glacial, aucun mot n'a encore été prononcé par qui que ce soit (...). Le choc du film de David Fincher se sera montré particulièrement physique, me remuant dans mes tripes comme dans mon âme (...) Noir ébène, inondé par une pluie incessante, Seven reste encore aujourd'hui une fable apocalyptique à la puissance inégalée."

Avec Seven, j'avais la sensation de vivre une période importante pour le cinéma, un certain renouveau
Aurélien Allin, journaliste à "Cinémateaser"

Avec Seven (que les cinéphiles aiment à écrire Se7en), David Fincher s'impose d'emblée comme l'un des grands auteurs de sa génération et donne l'impression d'être d'une certaine "nouvelle vague", faite de jeunes cinéastes (américains ou européens) prêts à en découdre et à proposer de pures expériences de cinéma. Aurélien Allin du magazine "Cinémateaser" se rappelle : "C'était l'époque où s'imposaient Quentin Tarantino, Bryan Singer, Danny Boyle ou David Fincher et j'avais la sensation de vivre une période importante pour le cinéma, un certain renouveau."

Pour Romain Burrel, journaliste aux "Inrocks", "une série comme True Detective ou le Gotham des Batman de Christopher Nolan doivent énormément à Se7en et à la photo poisseuse de Darius Khondji. La capacité de Fincher à faire endurer à la beauté de Brad Pitt, sa constance à abîmer sa jolie gueule dans chacun de leurs films (oeil poché dans Fight Club, fossilisé dans Benjamin Button) séduit. Et le générique de fin, signé Kyle Cooper, monté à l'envers sur une musique de Bowie, est inoubliable." 

Le retour possible du cinéma américain "adulte"

Seven offrait la possibilité au cinéma hollywoodien de revenir en arrière, de retourner à une tonalité adulte et sombre. Selon Alex Masson, journaliste pour "Radio Nova", "Seven représentait quelque chose qui n'était pas arrivé depuis certains films de William Friedkin ou Le silence des agneaux, cette possibilité de tordre la routine des films policiers mainstream pour en faire une fable philosophique. En débarquant la même année qu'entre autres Batman Forever, Apollo 13 ou Pocahontas, modèles de formatage, Seven raconte une cohabitation au quotidien, ordinaire, avec le Mal. C'est une revanche sur les lénifiantes bonnes manières, la sortie du purgatoire d'un cinéma américain trop propre sur lui. Une libération donc."

Le 43e Festival du cinéma américain de Deauville se déroule du 1er au 10 septembre 2017. 


Romain LE VERN, à Deauville

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