Shopping, voyages, sorties : ce que disent nos dépenses post-confinement

par Cédric INGRAND
Publié le 31 août 2020 à 18h19, mis à jour le 31 août 2020 à 20h38
Shopping, voyages, sorties : ce que disent nos dépenses post-confinement
Source : DAMIEN MEYER / AFP

RESET - Dans bien des secteurs, nos dépenses sont revenues à leur niveau d’avant-confinement. Pas forcément un retour à la normale, certains pans entiers de l’économie restant durablement plombés.

On le disait pendant le confinement, il y a les secteurs que la pandémie a favorisés, et ceux qui se sont retrouvés à l’arrêt. Dépenses alimentaires d’un côté, et de l’autre tout ce qui concerne le voyage et les loisirs “présentiels”, spectacles, concerts, parcs d’attractions, toutes ces choses qui drainent les foules, quand les foules ne sont plus de sortie.

Au-delà de ces grandes tendances, on sait maintenant plus finement comment nos habitudes de consommation ont évolué pendant ces derniers mois, sous le seul effet du confinement et de la pandémie, ou pour marquer des changements de comportement plus profonds.

150.000 cartes bancaires scrutées à la loupe

Parmi les baromètres de notre consommation, celui que tient CDLK, une startup qui, avec des banques partenaires, suit les dépenses de 150.000 possesseurs de cartes bancaires, des données entièrement anonymes qui deviennent très parlantes pour juger de l’évolution des dépenses des ménages. Dans sa dernière livraison, l’étude compare les chiffres, secteur par secteur, en prenant le 1er mars dernier, quelques jours avant le début du confinement, comme repère de départ. Et du premier coup d’oeil, on voit bien à quel point les six derniers mois ont été l’inverse d’un long fleuve tranquille.

Baromètre CDLK de la consommation des français sur les six mois suivant le confinement du printemps 2020.
Baromètre CDLK de la consommation des français sur les six mois suivant le confinement du printemps 2020. - CDLK

Si tout le monde s’est rué dans les grandes surfaces alimentaires sans même attendre le confinement, tous les rayons n’ont pas été traités à la même enseigne. Comme l’explique à LCI Benoît Gruet, PGD de CDLK, “on voyait dans les vagues précédentes de l’étude que les Français ont souvent voulu se faire du bien au moral, ça s’est vu dans les montants dépensés en boucherie, charcuterie, boulangerie aussi.” Autre signe d’une consommation-plaisir, tout ce qui s’est bu à table au printemps. “En définissant la liste des commerces essentiels, sourit le patron de CDLK, on a permis aux cavistes de rester ouverts, et eux ont fait de très belles ventes. Pas de doute, on est bien en France.

Si l’on met de côté l’alimentaire et les ventes en ligne, c’est tout le reste de l’économie qui décroche violemment en mars, avant de sortir la tête de l’eau à la fin du confinement. Au mois de mai, les grands gagnants sont les achats pour la maison et le jardin, qui avaient déjà profité à bas bruit de tout ce temps passé chez soi. Depuis, c’est l’habillement, le secteur “Mode & Accessoires” qui a clairement tiré son épingle du jeu, plus encore pendant les soldes. “C’est presque anecdotique, mais on a clairement senti une grosse vengeance sur les chaussures au mois de juillet.”

Emploi et consommation : ça redémarre plus fort que prévuSource : JT 20h Semaine

Reste les sinistrés, tous ceux qui touchent au voyage, l’aérien en tête, toujours à des niveaux de 75% inférieurs au début de l’année. Même l’hôtellerie, dont les chiffres ont remonté, est loin d’avoir refait son année, et pour cause : toutes ces courbes qui reviennent à leurs niveaux d’avant-confinement ne veulent pas dire un retour à la normale, car dans un secteur si saisonnier, égaler en août son chiffre d’affaires du mois de mars n’a rien de très reluisant. Surtout quand cela cache des disparités massives : “ Certes, l’hôtellerie remonte au dessus de 100, détaille Benoît Gruet, mais quand on rentre dans le détail par région on sait que les hôtels parisiens restent sinistrés, et que les chiffres ne sont tirés que par certaines zones touristiques qui ont tiré leur épingle du jeu ces dernières semaines.

Conso de crise ou changements profonds ?

Assez pour y déceler des évolutions qui dessinent de vrais changements de comportements ? “On est encore dans le chaud, tempère Benoît Gruet, “ce que l’on voit aujourd’hui reste très conjoncturel. Tant les consommateurs que les entreprises agissent avec beaucoup de contraintes, et un facteur comportemental difficile encore à analyser : vous avez d’un côté ceux qui font comme si la pandémie était terminée, et de l’autre une population très anxieuse. Il faudra attendre d’être sorti ou presque de la crise pour voir ce qu’il en restera.


Cédric INGRAND

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