Grève SNCF : comment des algorithmes font flamber les prix des bus et des voitures de location

Publié le 31 octobre 2019 à 10h38

Source : JT 20h Semaine

EFFET MÉCANIQUE - Pris d'assaut pendant les grèves SNCF, les bus, voitures de location ou avions étonnent parfois par leurs prix qui montent aussitôt. En cause, un algorithme qui s'appuie sur le taux de remplissage. Le covoiturage ou la location de véhicules entre particuliers, et ses promos pour l'occasion, sont alors à considérer. Explications des porte-parole de Flixbus et Getaround (ex Drivy).

Dur non seulement pour les nerfs mais aussi pour le compte en banque. De nombreux particuliers qui avaient prévu de prendre le train pour les vacances ou le pont de la Toussaint n'ont pas pu monter à bord. Entre le réseau ferroviaire endommagé dans le sud par de violentes intempéries et la circulation du TGV Atlantique fortement perturbée par une grève des cheminots chargés de la maintenance, ces voyageurs ont dû trouver des solutions de repli... qui ne sont pas toujours données.  

Le trajet en bus pour Paris-Brest est par exemple proposé à 69,99 euros pour un départ samedi, alors qu'il coûte généralement 18,99 euros, ou même 9,99 euros si on si prend quelques semaines à l'avance, constatons-nous en effectuant une recherche sur le site d'un acteur majeur du secteur ce mercredi 30 octobre. Encore faut-il trouver un siège disponible : les bus circulant
ces jeudi et vendredi sont déjà complets. Qui pourrait attendre jusqu'à dimanche peut cependant encore obtenir un billet à 49,99 euros, à condition de ne pas tarder à réserver au risque qu'il monte lui-aussi à 69,99 euros.

"Nos prix dépendent de l'offre et de la demande, comme dans le ferroviaire, l'hôtellerie ou l'aérien [les avions étant également utilisés comme alternative, NDLR]", explique à LCI Raphaël Daniel, porte-parole de Flixbus qui partage avec Blablabus le marché du car longue distance, au niveau national, cinq ans après son ouverture aux opérateurs privés de transport. 

Pour chaque car, de 50 places généralement, les prix sont en effet calculés par "un algorithme qui prend en compte le taux d'occupation", confie le porte-parole. Les combinaisons sont d'autant plus nombreuses que chaque siège peut avoir différents occupants qui se succèdent sur un même trajet car les lignes comportent des arrêts pendant lesquels certains descendent et d'autres montent.

"Les dernières places, achetées à la dernière minute, sont plus chères"
Raphaël Daniel, porte-parole de Flixbus

"Les clients se précipitent sur les prix d'appel. Les premiers sièges, moins chers, partent vite. Et les dernières places, achetées à la dernière minute, sont plus chères. Cet effet mécanique est valable tout le temps : il n'est pas lié à un mouvement social ou à des événements météorologiques", assure-t-il. 

En toute logique, augmenter le nombre de véhicules contiendrait un peu les prix lorsque la demande est pressante. Mais impossible cette fois ci : "Nous ne possédons pas directement de cars, nous travaillons avec des partenaires locaux dont tous les véhicules sont déjà mobilisés pendant cette période des vacances de la Toussaint. Actuellement, 400 circulent déjà tous les jours. En temps normal, face à ces aléas extérieurs, nous leurs aurions demandé de renforcer leur nombre".

Les voitures de locations plus chères qu'en temps normal

Autre possibilité : louer une voiture. Les meilleurs tarifs trouvés via un comparateur en ligne ce mercredi midi pour une location depuis Paris de jeudi à dimanche, incluant donc le pont, se situaient à 309,98 euros intra muros (ou 85,26 euros depuis l'aéroport d'Orly). Un message s'affichant en rouge nous incitait en outre à nous dépêcher de réserver : "Les prix augmentent, les voitures partent très vite - et beaucoup de gens décident de louer des voitures à Paris à cette époque de l'année." À titre de comparaison, pour une location dans trois semaines (jeudi 21 à dimanche 24 novembre), les prix démarraient à 81,98 euros depuis Paris même (52,34 euros depuis Orly). Soit près de quatre fois moins cher.

Pas de surcoût, en revanche, du côté de l'économie du partage. "Nous donnons des recommandations de prix aux propriétaires qui mettent leurs voitures en location en fonction du moment de la semaine (plus cher le week end que le mardi par exemple) et de la période de l'année (plus cher pendant le pont de l'Ascension que la dernière semaine de novembre, par exemple)", assure à LCI Emmanuel Dubarry, responsable communication de la plateforme Getaround (ex Drivy), qui revendique le premier rang européen du secteur. 

Des réductions spécialement accordées pendant les grèves

Si les perturbations du trafic ferroviaire n'ont donc pas d'incidence sur les prix, comme c'est également censé être le cas pour les applis de covoiturage (pour lequel le conducteur ne doit demander qu'une participation à ses frais), "le nombre de visites augmente cependant de 30% à 50% en cas de grève", observe-t-il.  Un sursaut qui montre que "dans les esprits, nous sommes considérés comme une alternative". Et pour que le réflexe soit intégré auprès d'un public le plus large possible, la société n'est pas avare en réductions spécialement accordées pendant ces moments particuliers. En raison du mouvement social affectant la circulation du TGV Atlantique, un code promo de 30 euros vient ainsi d'être mis en place pour les nouveaux clients, dans la limite des 500 premières utilisations. 


Laurence VALDÉS

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