MISE EN RÈGLE - Bercy a donc eu raison du géant de la location de meublés touristiques. Dans un communiqué paru ce lundi soir, Airbnb a annoncé s'engager à retirer sa carte prépayée en France. Elle était soupçonnée de favoriser la fraude fiscale.
Bercy : 1 – Airbnb : 0. A l'issue d'une convocation au ministère des Finances, la plateforme de location de meublés touristiques a annoncé lundi 11 décembre qu'elle allait mettre fin à sa carte prépayée "Payoneer" en France. Emise depuis Gibraltar et destinée aux hôtes, elle était soupçonnée de favoriser la fraude fiscale.
En s’engageant à supprimer cette carte polémique, Airbnb dit avoir souhaité "répondre aux inquiétudes liées à de possibles abus d'une carte de débit". Même si elle est "actuellement détenue par bien moins de 1% des hôtes en France", souligne la société dans un communiqué. Bercy, de son côté, se félicite dans un communiqué de "cette décision responsable" qui permet d'écarter toute opportunité de fraude ouverte par l'utilisation de ce mode de paiement".
De son côté, Payoneer s’est offusqué des soupçons qui pèsent sur ses services. Elle a affirmé être "une société de paiement réglementée, qui opère en totale conformité avec les lois et règlements de l'Union Européenne". "L'idée que les produits Payoneer contribueraient à éviter de payer des taxes ou à permettre des opérations de blanchiment d'argent est catégoriquement fausse".
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Une carte qui échappe aux radars de l'administration fiscale
Proposée aux hôtes français depuis trois ans, cette carte de crédit rechargeable de la société américaine Mastercard Payoneer était émise depuis le paradis fiscal de Gibraltar. Les versements, eux, étaient faits depuis le Royaume-Uni. Révélé par FranceInfo, le dispositif permettait à son titulaire de toucher discrètement ses revenus de location et de régler ses dépenses courantes dans la limite des sommes créditées par Airbnb.
Mais, non assimilée à un compte bancaire, la carte pouvait permettre selon FranceInfo d'éviter les "radars de l’administration fiscale". Ces comptes "échappent aux accords sur l’échange d’informations bancaires (que Gibraltar a signé avec la France), et restent très pratiques pour ceux qui veulent éviter que l’on sache qu’ils ont de l’argent ailleurs que dans leur pays de résidence", signalait le chercheur et expert en paradis fiscaux Eric Vernier au site d'information. "Et avec le Brexit, ça va encore compliquer les choses", explique-t-il d'autre part à TF1.
Gratuite (les 29,95 dollars de "frais habituels" étaient gracieusement pris en charge par Airbnb), cette carte pouvait s'obtenir en "4 à 5 jours ouvrables", selon Airbnb, en seulement quelques clics. Si la plateforme locative a mis fin à sa collaboration avec Pioneer pour ses utilisateurs français, Amazon, Alibaba, Abritel ou Cdiscount proposent toujours cette carte à leurs utilisateurs-vendeurs.