Vacances : ce que vous réservent vos guides de voyages

par Laure GIUILY
Publié le 7 mai 2021 à 18h34, mis à jour le 7 mai 2021 à 18h57

Source : JT 20h Semaine

VOYAGES VOYAGES - Face aux restrictions liées à la crise sanitaire, à la concurrence des réseaux sociaux, mais aussi à l'évolution des goûts des voyageurs, les guides sont contraints de se réinventer. Voici quelques exemples probants d'innovation.

Avec le déconfinement, les Français se replongent dans les guides de voyage afin d'élire une destination pour les vacances. Pour ce faire, ils s'engagent dans les guides qui, eux aussi, se sont adaptés aux nouveaux modes de consommation. Jean-Bernard Carillet, auteur de guide chez Lonely Planet, n'arpente plus les rues avec son carnet et son stylo, il est désormais passé au drone. Les vidéos "n'ont pas remplacé le texte et la photo" mais se présentent comme "un élément", "une couche de plus dans ce qu'on apporte aux lecteurs et aux lectrices", explique-t-il, dans le reportage en tête d'article. En d'autres termes, elles seront enregistrées dans une application pour smartphone, il suffira ensuite de scanner une photo, avec son guide en main, pour accéder à ladite vidéo. 

Les vidéos seront ensuite nourries d'un texte explicatif : "On reste des éditeurs de guide de voyage, donc il faut qu'on donne de l'information", précise-t-il. Selon lui, "les lecteurs et les lectrices sont friands de ce nouveau type d'information pour s'inspirer dans leur découverte et de leur voyage." Une manière aussi de répondre à la concurrence féroce des réseaux sociaux et, notamment, des influenceurs. 

Réagir face à la concurrence des influenceurs

Interrogés par TF1, Claire Le Bourlot et Arthur Crinquette, jeune couple d'influenceurs, comptent plus de 60.000 abonnés. Dans leurs photos et vidéos, ils énumèrent leurs meilleures adresses d'hôtels et de restaurants, comme ici à la Réunion. "On donne vraiment notre avis. On a une communauté qui nous suit parce qu-ils connaissent nos goûts, nos valeurs, ils savent ce qu'on aime et généralement ils aiment les mêmes choses que nous, donc il y a aussi ce côté très, très humain", détaille l'instagrameuse. Pour son compagnon, le guide papier et le compte Instagram sont "complémentaires" : "Le jour où il n'y a pas internet et pas de réseau, le guide Instagram est difficilement accessible", reconnait-il.

Pour se réinventer, le vétéran Routard a de son côté lancé ce jeudi 6 mai son premier magazine trimestriel Le Routard Magazine. Un premier numéro de 100 pages - tiré à 120.000 exemplaires - intitulé "La France qu'on aime", consacré à l'Hexagone et vendu à 5,95 euros en kiosque, soit 100 pages sur la France rurale, ses régions et ses petits bourgs. 

La France à l'honneur

Rien de surprenant à cela : la France s'est, en quelques mois, retrouvée au cœur du marché des rayons "tourisme". Pour Julien Coulon, responsable produits éditoriaux à la Fnac Champs-Élysées, le constat est édifiant : "On ne vend quasiment que ça maintenant. 'Les week-ends coup de cœur en France' fonctionnent très bien." De son côté, la maison d'édition Hachette Tourisme lance dix nouveaux titres pour des séjours dans l'Hexagone. Selon, Cécile Pétiau, directrice éditoriale, les départements ruraux, qui étaient jusque-là délaissés par les guides et les vacanciers, ont aujourd'hui la cote, comme "la Drôme et la Dordogne qui ont explosé l'année dernière." 

Ainsi, les destinations changent, les activités proposées aussi. "Aujourd'hui, on considère que les gens ont autant besoin de s'aérer que de visiter, donc on a essayé de dénicher les meilleures activités et balades pour permettre ça", poursuit Cécile Pétiau. De fait, les carnets dédiés aux escapades à pied, à cheval et surtout à vélo ont désormais le vent en poupe. 

Philippe Coupy, qui travaille pour le Guide du routard, a déjà créé dix guides pour explorer des régions françaises à vélo. En repérages entre Étretat et le Havre à la recherche de "spots de pique-nique", il suit au maximum la voie cyclable et privilégie les circuits courts : "Ce qu'on recherche, c'est des produits authentiques et locaux, et donc là, c'est un bon endroit pour que les gens viennent se ravitailler et préparer leurs piques-niques", explique l'amateur de repas en plein air. 

Enfin, selon ce guide, "certains routards ont vieilli et se sont embourgeoisés". D'où la nécessité d'intégrer des établissements un peu plus chics dans leurs adresses. Les Français auront-ils le réflexe ou l'envie d'acheter un guide pour visiter la Normandie cet été ? Les éditeurs croisent les doigts. Avant la pandémie, sept millions de guides se vendaient par an. En 2020, les ventes ont été divisées par deux.


Laure GIUILY

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