"C'était très festif" : le pilote qui a ramené les Bleus en France nous raconte son voyage

par Matthieu JUBLIN
Publié le 18 juillet 2018 à 18h33, mis à jour le 18 juillet 2018 à 19h00
"C'était très festif" : le pilote qui a ramené les Bleus en France nous raconte son voyage
Source : Guilhem Perrichet / Twitter

RÉCIT - Guilhem Perrichet est le commandant de bord du Boeing 777 qui a ramené l'équipe de France à Paris. Heureux d'avoir participé "à sa petite mesure" à l'aventure, il raconte l'euphorie des joueurs et... les félicitations des contrôleurs aériens.

Guilhem Perrichet a beau être le patron des pilotes de Boeing chez Air France, il n'a pas tous les jours l'occasion de croiser Antoine Griezmann dans son cockpit. Qui plus est avec une Coupe du monde fraîchement gagnée. Ce commandant de bord pilotait l'avion qui a ramené les Bleus jusqu'à Paris, dans un climat de complicité, de fête et -aussi - de repos. 

Interrogé par LCI, il raconte un voyage dont il se souviendra longtemps.

Quel souvenir garderez-vous de ce vol Moscou-Paris ?

Mon principal souvenir, c'est d'avoir tenu la coupe du monde, et surtout de l'avoir ramenée en France. C'était très symbolique pour moi de ramener l'équipe et la coupe dans mon appareil. J'ai l'habitude d'avoir la responsabilité de 250 personnes, mais pas d'avoir autant de talents à bord. Avoir participé à ça, à ma modeste mesure, c'est quelque chose de très fort, c'est beaucoup d'émotion. 

C'est aussi une pression supplémentaire ?

Non, parce que ma principale préoccupation a toujours été la sécurité des vols. La sécurité, c'est notre ADN, et ce vol était un vol comme les autres, avec les mêmes exigences. Mais on peut sentir le poids de cet événement historique, qui marque la France et tous les Français. Y participer peut créer une petite pression, mais ça ne change pas notre façon de travailler. 

"Comme on était attendus sur les Champs-Élysées, les contrôleurs nous donnaient des routes plus rapides"
Guilhem Perrichet

VIDÉO - La Fédération Française de Football diffuse des images rares des Bleus à leur retourSource : JT 13h Semaine

Qu'est ce qui rendait ce vol différent ?

J'ai une petite anecdote. Vous savez qu'en vol, on passe d'un contrôleur aérien à un autre, en fonction de l'espace aérien dans lequel on se trouve. Nous passions donc d'un contrôleur de Moscou à un autre contrôleur russe, puis un Biélorusse, etc. Et chacun nous demandait : "est-ce que c'est bien vous qui ramenez l'équipe de France ?" Tous ont transmis leurs félicitations à l'équipe. On n'entend jamais ça, d'habitude ! Tout le long du vol, ils nous rappelaient qu'on vivait une situation exceptionnelle. Et comme on était attendus sur les Champs-Élysées, ils nous donnaient des routes plus directes et rapides. Comme moi, ils étaient contents d'avoir participé, à leur manière, à cette petite aventure. 

Comment se sont passées les trois heures de vol ?

Pendant le vol, chacun est à sa place et fait son métier. Et le mien se passe dans un cockpit qui est relativement stérile. J'ai pu avoir la coupe du monde entre les mains pendant cette phase, parce que l'avion était calme et que nous avions suffisamment de disponibilité à ce moment pour accueillir le commissaire responsable de la coupe. Il nous l'a amenée dans sa valise blindée pour qu'on puisse l'admirer, la prendre dans ses bras... ou l'embrasser comme j'ai fait. 

Guilhem Perrichet

Antoine Griezmann aussi est passé vous voir…

Oui, il est aussi venu, un peu par hasard, mais ces visites doivent se faire de manière discrète. On évite au maximum d'être dérangés, car ces interruptions peuvent être l'une des pires menaces. Toute l'équipe n'est donc pas venue dans le cockpit, mais j'ai pu voir les joueurs à l'embarquement. Celui-ci a duré très longtemps, car une bonne partie de l'équipe est arrivée avec une heure de retard. Il y avait beaucoup d'euphorie et d'émotion sur les visages. Certains chantaient... Pogba était venu avec de la musique. Nous avons pu échanger un peu, mais ils étaient avec leur famille, donc nous ne sommes pas le centre de leurs préoccupations et c'est bien normal. Les hôtesses et les stewards ont passé 3 heures avec eux et ont pu échanger bien plus que moi. C'est normal, c'est leur rôle. Par contre, je suis peut-être le seul à avoir pu voir la coupe du monde, qui n'a pas été présentée dans l'avion.

On imagine que l'ambiance était plutôt festive en dehors du cockpit…

C'était très festif et très joyeux. Certains joueurs semblaient presque dépassés par l’événement. Ils partaient pour descendre les Champs-Élysées et rencontrer le président de la République. Eux mêmes disaient qu'ils ne réalisaient pas encore totalement ce bonheur. De manière plus prosaïque, ils n'avaient certainement pas beaucoup dormi et se sont beaucoup reposés pendant le vol. Au débarquement, ils étaient de nouveaux en forme ! On sentait beaucoup de gentillesse, de complicité. On voyait que c'était une équipe et qu'ils sont contents d'être ensemble.


Matthieu JUBLIN

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