Coupe du monde : "Suarez, comme un serial killer''

Publié le 25 juin 2014 à 16h28
Coupe du monde : "Suarez, comme un serial killer''

MONDIAL 2014 - Pour la troisième fois de sa carrière, Luis Suarez a mordu un adversaire, mardi. Mais cette fois, c'était en pleine Coupe du monde, face à l'Italie de Giorgio Chiellini. La Fifa a ouvert une procédure disciplinaire à l'encontre de l'Uruguayen, qui risque très gros. ''Il faut qu'on lui interdise de jouer au foot'' tranche Jean-Cyrille Lecoq, psychologue du sport, qui a collaboré pendant sept ans avec la FFF. Il estime Suarez que Suarez est tout simplement ''malade''.

Comment expliquer qu'un joueur en vienne à mordre un adversaire ?
Ce n'est en tout cas pas une réaction de petit enfant, mais plutôt un manque de contrôle. Dans le sport de très haut niveau, la limite entre le normal et le pathologique est relativement fine. Avec la pression et les exigences de résultat, on peut passer les frontières très facilement. Un footballeur est une personne fragile. Ensuite, le fait de mordre est davantage la manifestation d'une agressivité qu'on retrouve aussi dans le discours des entraîneurs à travers toutes les expressions guerrières qu'ils utilisent, comme ''mords-le'', ''mange-le'', ou ''tue-le''.

N'y a-t-il pas de la frustration, surtout, de la part de Suarez ?
On pourrait parler de frustration si c'était la première fois qu'il le faisait. Là, il s'agit de la troisième récidive, donc son comportement est alarmant et en devient même inquiétant. Surtout on est en Coupe du monde et il en va de l'image du footballeur. C'est plus un comportement agressif, un manque de contrôle.

Mais l'agressivité se traduit plutôt par des tacles trop appuyés, un jeu trop physique…
Mike Tyson a également fait ça (en 1997, il a mordu l'oreille de Evander Holyfield en plein combat). C'est son agressivité qu'il manifeste comme ça. Il évolue à haut niveau, il doit sortir du lot, se faire remarquer, et il a trouvé ça. En effet, je ne vois pas d'autres joueurs comme lui, ils font plutôt des tacles appuyés, ce qu'on peut appeler de "l'agressivité cachée" ou "ambiguë". Là non, c'est de l'agressivité affichée. Et répétée.

Le Professeur David Wilson, interrogé par la BBC, compare cela à des comportements qu'on voit pour les crimes sexuels ou violents…
Pourquoi pas. Si Suarez n'est pas interdit de foot, on peut se retrouver dans cette pathologie. Le sportif de haut niveau garde un côté hors-norme, qui fait que l'on accepte certains gestes. Je parlerai plutôt de serial killer, mais l'aspect prédateur fonctionne aussi. Si on le laisse continuer, ce geste deviendra acceptable. Non pas par la société, mais par Suarez lui-même. Ce qu'il faut, c'est qu'on lui interdise de jouer au foot. Sinon, qu'est-ce qu'il nous réserve la prochaine fois ?

Suarez ne peut-il pas être soigné ?
Avec des thérapies, oui. (Il marque une pause). Mais ce comportement peut aussi témoigner d'un trop-plein de testostérone, d'adrénaline. Et en la matière, certains produits dopants accentuent l'agressivité et font perdre le contrôle.

Suarez est-il condamné à répéter ce genre de comportement ?
Oui, il va continuer. En Uruguay, il est traité comme un Dieu, il représente une nation, un continent. Ce qui est inacceptable, comme une morsure, des gens vont le légitimer. Prenez l'exemple du coup de boule de Zidane (en 2006 sur Materazzi). Beaucoup l'ont excusé car il avait été insulté. Alors que c'est une faute professionnelle, car il savait que les Italiens allaient le titiller là-dessus du début à la fin. Et il a craqué… Quand vous êtes considéré comme un Dieu vivant, vous pensez que vous n'avez plus de limites, que vous pouvez tout faire.


La rédaction de TF1info

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