"Pile vingt ans après, on est là !" : au pied de l'Arc de Triomphe, deux générations bleues en fusion

Anaïs Condomines
Publié le 15 juillet 2018 à 23h34
"Pile vingt ans après, on est là !" : au pied de l'Arc de Triomphe, deux générations bleues en fusion
Source : AFP

REPORTAGE - Au coup de sifflet final, voilà la plus belle avenue du monde envahie de drapeaux tricolores et de fumigènes. La France est championne du monde à nouveau, et avec cette victoire, ce sont les souvenirs de 1998 qui resurgissent. Et qu'en est-il pour ceux qui n'étaient pas nés pour la première étoile ? Ils étaient là en masse, ce soir, alors on leur a posé la question.

En 1998, vous étiez en vacances, au travail ou entre amis. En tout cas, que vous approchiez de la trentaine ou que vous l'ayez déjà dépassée depuis un moment, vous vous souvenez de ce soir-là, des gens autour de vous, de la clameur dans les rues. Mais ce 15 juillet 2018 - vingt ans plus tard - ils sont nombreux à vibrer au rythme des Bleus... pour la première fois de leur vie. Et cette deuxième étoile tant convoitée, finalement acquise, a pour beaucoup de jeunes Français nés après 1998 le goût d'un moment historique inédit. 

Immédiatement après le coup de sifflet final, nous les rencontrons au pied de l'Arc de Triomphe. Dans une ambiance bon enfant, au milieu des fumigènes tricolores, des milliers de supporters et de supportrices convergent vers les Champs-Elysées pour célébrer ce 4-2 si précieux. Et si, en amont du match, quelques mouvements de foule ont émaillé les abords de la fan zone non loin de là, vers le Champ-de-Mars, ce rassemblement post-victoire est, en début de soirée, des plus familial. 

Pile vingt ans après, on est là !
Lucille

Parmi les fans heureux, Lucille, Fiona, Katia et Léo marchent bras dessus bras dessous. Ils sont habillés en bleu, blanc, rouge. Léo a laissé le tee-shirt au vestiaire et aborde un immense cœur tricolore dessiné sur le torse. Ce soir, pour eux, c'est une première, car ces jeunes sont nés... en 1998. Ils étaient âgés de quelques mois à peine lors de la première victoire de la France en Coupe du Monde. "Pile vingt ans après, on est là !" s'exclament-t-ils. "On voulait le vivre au moins une fois dans notre vie et ça y est, c'es fait !" Ensemble, ils ont regardé le match dans un café aux abords de la plus belle avenue du monde et ne prévoient rien d'autre, ce soir, que de "descendre les Champs-Elysées et faire la fête". 

Quelques pétards et feux d'artifices miniatures plus tard, nous retrouvons Rose. Née en 2003, Rose a aujourd'hui quinze ans. 1998, pour elle, est une année qui fait déjà partie des livres d'Histoire. Pourtant, elle n'a pas fait le trajet depuis les Yvelines, où elle habite, par hasard.  A côté d'elle, barbouillés de maquillage tricolore, marchent ses parents, un immense sourire aux lèvres. "Le foot, c'est une passion commune entre nous trois" détaille-t-elle, en criant pour couvrir les cris autour et les pétarades des scooter venus parader. 

AC / LCI

Des souvenirs pour les vingt prochaines années

AC/LCI

Babacar, tabac à rouler et feuille de cigarette à la main, nous voyant prendre des notes, nous interpelle soudain. "C'est pas le moment de travailler, c'est le moment de faire la fête !" Lui compte bien en profiter, puisqu'il y a vingt de ça, il avait à peine quatre ans. Trop jeune pour se souvenir de ce qui ressemblait, chez lui, à une soirée-télé comme les autres. "Je pense que je devais être dans le salon avec mes parents, à la maison..."  Aujourd'hui, il est un immense supporter de l'équipe de France. D'ailleurs, il porte le maillot des Bleus sur le dos. "C'était impensable de ne pas être là. Pour la France, c'était un match capital", euphémise-t-il, en fan consciencieux. Quant à cette soirée qui se profile ? "Elle va être tellement longue, je peux même pas vous raconter...", se réjouit d'avance Babacar.

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Une soirée qui risque d'être un peu plus courte pour Kohsey, Yuna et Emi. Un peu plus jeunes que Babacar, ils sont respectivement âgés de 15, 12 et 7 ans... et ils ont école demain. Koshey, le grand frère, porte la petite Emi sur les épaules, qui n'en croit pas ses mirettes d'être au beau milieu d'une place regardée par le monde entier, à cet instant précis. Ils posent fièrement tous les trois pour la photo, devant l'Arc de Triomphe, et puis Yuna nous dit : "Papa, il était ici pour la première fois, alors il a voulu nous amener !" Et en effet, le papa, occupé à savourer sa victoire, a bien l'air de revivre un déjà-vu vieux de vingt ans, ici-même, tout en haut des Champs-Elysées. Koshey, lui, en revient à peine : "C'est trop bizarre de voir tant de gens ici, je me dis que je ne vivrai peut-être ce moment qu'une seule fois dans ma vie." On ne le lui souhaite pas. En attendant, il se pourrait bien qu'il ait, comme ses petites sœurs, fait le stock de souvenirs merveilleux pour les vingt prochaines années. 


Anaïs Condomines

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