Oui, il y a un "effet Coupe du monde" sur la popularité des présidents

Publié le 4 juillet 2014 à 13h31
Oui, il y a un "effet Coupe du monde" sur la popularité des présidents

POLITIQUE - Subite embellie à l'horizon pour François Hollande : au plus bas dans les sondages, il vient de gagner 5 points de popularité. Peut-on parler d'un effet "coupe du monde" sur la popularité du Président ? Metronews décrypte le phénomène.

La question se pose depuis jeudi : y a-t-il un lien entre la réussite des Bleus en Coupe du monde de football et la soudaine embellie dans les sondages pour François Hollande ? Dans le baromètre Ifop pour Paris Match paru jeudi, le président gagne en effet cinq points d'approbation, passant de son record d'impopularité de 18% en juin à 23% en juillet. Une surprise difficile à expliquer. A moins que cela ne soit lié à la réussite des Bleus au Brésil, qui jouent les quarts de finale ce vendredi soir ? Pour en avoir le cœur net, metronews s'est plongé dans les archives.

Retour en arrière. Nous sommes en 1998. La Coupe du monde se tient en France, qui vit au rythme des Bleus jusqu'à leur triomphe le 12 juillet face au Brésil. Le pays exulte. Son président aussi. Jacques Chirac, présent dans les tribunes le jour J, reste dans les mémoires comme le plus grand supporter des Bleus, portant le maillot, animant la "Ola" et fêtant la victoire aux côtés de l'équipe de France. Cette année-là, sa cote de popularité* dégringole non-stop de mars à juin, passant de 55% à 45% en juin. Quand soudain, le sursaut : en juin puis en juillet, les deux mois qui ont mené au sacre de la France, la "confiance" des Français envers leur président est retrouvée. La cote du président connaît un bond spectaculaire, de sept points en juin (de 45 à 52%) puis en juillet (de 52 à 59%). Une embellie qui ne durera pas : les mois suivants, elle chute de nouveau. Coïncidence ?

"Un effet que seul le football peut produire"

Ce schéma s'est reproduit en 2006, lors de la Coupe du monde en Allemagne. Cette année-là, la France s'est hissée jusqu'en finale avant de perdre face à l'Italie aux tirs aux buts. La popularité de Jacques Chirac est au plus bas depuis le début de l'année, qui sera sa dernière en tant que chef d'Etat. Mais là encore, son plus important rebond a lieu... au mois de juillet, durant la compétition. Le même baromètre le crédite de 5% d'opinions positives, passant de 16% de satisfaction durant le mois de juin à 21%.

Qu'en est-il quand les Bleus se rétament ? Ce fut le cas en 2002, lorsque l'équipe de France tenante du titre est éliminée dès le premier tour en Corée du Sud. Réélu en mai, Jacques Chirac affiche alors une cote de confiance à 52%. Mais celle-ci baisse en juin (50%) et en juillet (47%)... avant de repartir à la hausse ensuite. Autre défaite, autre Président : en 2010, Nicolas Sarkozy est au pouvoir. La France se fait sortir dès le premier tour, après le fiasco de Knysa qui a suscité l'ire des supporters tricolores mais aussi du Président, qui a même organisé des "états généraux du football. Cette année-là, la popularité de Nicolas Sarkozy reste stable. Difficile, dans ce cas, de déceler un éventuel "effet coupe du monde" sur les sondages.

"C'est vrai qu'il y a un effet que seul le football peut produire", conclut pour metronews Emmanuel Rivière, politologue à l'institut de sondage TNS-Sofres, qui évoque "la dimension nationale et une capacité de ferveur et de communion autour de la réussite de l'équipe de France". "Dès lors, il y a effectivement un petit filtre rose sur les lunettes des gens qui observent leurs gouvernants", poursuit le spécialiste. Un schéma qui peut se reproduire, en cas de victoire de l'équipe de France, pour François Hollande, "dont on connaît l'intérêt pour le football, comme Jacques Chirac", selon le politologue. Même si, comme le montre le passé, ces "effets coupe du monde" ne durent pas. Le Président, qui assistera depuis l'Elysée au match de l'équipe de France vendredi soir, a en tout cas une raison de plus de croiser les doigts.

*Selon les chiffres des sondages TNS Sofres / Figaro magazine.


La rédaction de TF1info

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