Acteur, chanteur, animateur : Bernard Tapie était aussi un homme de spectacle

Publié le 3 octobre 2021 à 10h05, mis à jour le 3 octobre 2021 à 11h42

Source : TF1 Info

ZOOM – Décédé ce dimanche 3 octobre 2021 à l’âge de 78 ans, Bernard Tapie a régulièrement mis son charisme à profit devant les caméras et derrière le micro, de ses débuts de chanteur de charme au succès de la série "Commissaire Valence" en passant par sa brève expérience d’animateur.

De Bernard Tapie, on a souvent loué le franc-parler et les talents de bateleur, qui lui ont permis de s’illustrer dans les affaires puis dans la politique. Un côté showbiz que ce petit-fils de cheminot cultive après son service militaire en se lançant dans une première carrière musicale, au milieu des années 1960. 

En pleine période yéyé, il publie une poignée de 45 tours sous le nom de Bernard Tapy, prononcé "Tapaille" à l'Américaine. "Je les aime toutes", "Passeport pour le soleil", "Pour de rire, pour de vrai", "Vite un verre". Le chanteur de charme a de la conviction et un joli brin de voix. Mais le public l’ignore.  

Reconverti vendeur de télévision, il se lance dans le rachat d’entreprises en péril avec le succès qu’on connaît. C’est au hasard d’une conférence où son charisme fait mouche que Bernard Tapie croise la route de Claude Lelouch, à l’orée des seventies. Le cinéaste le rêve dans la peau d’un avocat filou dans L’aventure, c’est l’aventure, mais le jeune businessman décline. C’est Aldo Maccione qui aura le rôle et montera les marches du Festival de Cannes, en mai 1972. Mais le destin voulait que les deux hommes travaillent ensemble, tôt ou tard. 

Dans les années 1980, Bernard Tapie reprend le micro avec l’aide de Didier Barbelivien. Il chante "Réussir sa vie", tout un programme, puis reprend à sa sauce Le blues du businessman, le tube de l’opéra-rock Starmania du duo Michel Berger-Luc Plamondon. C’est l’époque où il fait une brève carrière d’animateur télé, fort de ses apparitions très "cash" dans les émissions en vogue, de "Gym Tonic" à "Champs-Élysées" en passant par "Le Jeu de la vérité".

En février 1986, alors au pic de sa notoriété, il présente "Ambitions" sur TF1, un programme où de jeunes entrepreneurs viennent présenter le projet à un jury de professionnel. En direct, dans d’immenses salles de spectacles, Bernard Tapie en profite pour recevoir les stars de la pop comme Mylène Farmer, Rod Stewart ou encore le groupe Images. L’émission s’arrêtera un an plus tard, à la privatisation de la chaîne. Bientôt, c’est au JT qu’on parlera de lui, pour le meilleur comme pour le pire. 

En 1996, Bernard Tapie est dans l’obligation de se reconvertir suite au scandale de corruption autour du match VA-OM, qui l’a envoyé six mois derrière les barreaux. À sa sortie, Claude Lelouch, qui ne l’a pas oublié, lui tend la main. Ruiné, dans l’interdiction de faire des affaires et de la politique, il tient rôle principal de la comédie Hommes, femmes, mode d’emploi. Entouré de Fabrice Luchini et Pierre Arditi, il interprète Benoît Blanc, un avocat d’affaires richissime et sans scrupules. "Aucune identification avec ce héros", assure-t-il à l’époque dans un entretien à L’Express. "J’aurais pu jouer un chirurgien-dentiste ou réparateur d’autos."

Le public est au rendez-vous, avec 1,2 millions d’entrées, mais la critique n’est pas tendre avec le cinéaste et son apprenti-acteur qui se réessaye brièvement à la chanson le temps d’un titre un peu kitsch avec Doc Gynéco, "C’est beau la vie". Après avoir déjà livré les recettes de sa réussite dans Gagner, en 1986, Bernard Tapie reprend alors la plume pour raconter ses déboires et l’expérience de la prison dans Librement, en 1999. Cette année-là, il présente aussi sa propre émission de radio, Allo Bernard, où chaque matin il dialogue avec les auditeurs de RMC, la seule émission interactive de la station à l’époque.

C’est en 2001 que Bernard Tapie refait l’acteur, reprenant au théâtre le rôle tenu par Jack Nicholson dans Vol au-dessus d’un nid de cou. La première d’une série de pièces qui rencontrent un certain succès. En parallèle, l’ex-homme d’affaires joue à la télévision. Il interprète un médecin militaire dans Cazas d’Yves Boisset sur TF1, avant d’incarner le commissaire Valence dans la série du même nom, de 2003 à 2008, le héros jonglant entre son métier de flic et sa vie de père célibataire. Une fiction qui culmine à plus de 9 millions de téléspectateurs. Future candidate de "The Voice", sa fille Sophie y fait une apparition.  

Lorsqu’on lui demande ce qu’il a apporté au personnage, Bernard Tapie ironise. "A la fois plein de choses et rien. Quand il est dans l’action, c’est moi, je ne suis heureux que dans l’action", raconte-t-il au Parisien. "Il n’y a qu’en taule que je ne faisais rien, c’est pour ça que j’ai été content d’en sortir."

Son retour aux affaires à la fin des années 2000, met un frein à cette reconversion qui lui a permis de rester sur le devant de la scène médiatique, y compris à travers sa marionnette grande gueule, omniprésente dans "Les Guignols de l’info" de Canal + jusqu’en 2015. Ces derniers mois, Claude Lelouch, fidèle parmi les fidèles, révélait vouloir lui confier un nouveau rôle, malgré la maladie, dans un film intitulé L’incroyable fertilité du chaos.

Bernard Tapie est mort à l'âge de 78 ansSource : TF1 Info

"La force de Bernard est de penser que tout ce qui lui arrive est pour son bien", confiait le cinéaste en avril dernier sur LCI, quelques jours après l'agression de son vieil ami à son domicile. "Même quand c’est cruel, même quand ça va mal, il est dans le positif. Il n’a pas peur de la peur. La seule personne qui pourrait lui faire peur, c’est lui-même." Un vrai personnage de cinéma, au fond.


Jérôme VERMELIN

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