Regé-Jean Page en James Bond après Daniel Craig : pourquoi c’est tout à fait crédible

Publié le 11 janvier 2021 à 14h47, mis à jour le 11 janvier 2021 à 17h52

Source : Sujet TF1 Info

CASTING - Et si le prochain James Bond, c’était lui ? Révélation de la série "La Chronique des Bridgerton" sur Netflix, l’acteur Regé-Jean Page vient d’être propulsé sur la liste des prétendants à la succession de Daniel Craig par les bookmakers anglais. Une hypothèse tout sauf absurde. Explications.

Son nom est Page. Regé-Jean Page. Et depuis Noël, c’est l’acteur qui monte grâce au succès de La Chronique des Bridgerton sur Netflix. Dans cette série historique très romancée – et très coquine - ce comédien britannique d’origine zimbabwéenne de 30 ans incarne Simon Basset, alias le Duc de Hastings, le bellâtre qui fait tourner les têtes de ces dames durant le règne de George III. Quelques jours avec le lancement de la première saison, l’intéressé avait posté sur Twitter une vidéo de son personnage, accompagné de ces quelques mots : "Regency, Royalty. Shaken and stirred" (Régence, royauté. Secoué et remué). Un clin d’œil évident au "Shaken, not stirred" (secoué mais pas remué) cher au personnage de James Bond lorsqu’on lui prépare son Martini préféré.

Fallait-il y voir un appel du pied aux producteurs de la saga James Bond, alors que Daniel Craig s’apprête à tirer sa révérence dans Mourir peut attendre ? Les bookmakers n’ont, eux, pas perdu de temps, proposant le nouveau venu aux parieurs. Sur le site Ladbrokes.com, sa cote est passée de 40/1 juste avant Noël à aujourd’hui 5/1, Regé Jean-Page est simplement devancé par Tom Hardy (Mad Max : Fury Road) et James Norton (la série Grantchester), deux noms qui circulent avec insistance ces derniers mois. Tout comme celui de Richard Madden, qui a lui aussi bénéficié du succès d’une série – The Bodyguard, également diffusée sur Netflix – pour entrer dans la course.  

Lorsque vous êtes Britannique, et que vous faites quelque chose qui commence à être reconnu, les gens se mettent à utiliser le mot qui commence par B à votre sujet
Regé-Jean Page, dans le talk-show de Jimmy Fallon

"Je pense qu’Internet pense beaucoup de choses et celle-là est plutôt agréable", a réagi Regé-Jean Page ce week-end dans le talk-show de Jimmy Fallon, avant de livrer une analyse plutôt pertinente de la situation. "Je crois qu’il y a un élément culturel à prendre compte. Lorsque vous êtes Britannique, et que vous faites quelque chose qui commence à être reconnu, les gens se mettent à utiliser le mot qui commence par B à votre sujet. C’est comme recevoir une médaille du mérite. La médaille B. Je suis très très heureux de la recevoir et d’être cité en compagnie d’acteur qui l’ont aussi. Mais ce n’est qu’une médaille". 

 

Avant que Daniel Craig rempile pour un cinquième film, de nombreux noms avaient circulé pour prendre sa succession. Celui d’Idris Elba, révélé par la série policière Luther, était revenu avec insistance dès 2014 provoquant de vifs débats dans la presse et sur les réseaux sociaux. Un acteur noir pour incarner l’espion imaginé par Ian Fleming dans les années 1950 ? Même les anciens interprètes de 007 s’y étaient mis. 

"Bien que James ait été joué par un Écossais, un Gallois et un Irlandais, je pense qu’il doit être Anglais-Anglais", avait réagi feu Roger Moore dans Paris Match en 2015, jugeant l’idée "intéressante mais irréaliste". Taxé de racisme, l’acteur décédé deux ans plus tard s’en était défendu sur Twitter, prétextant une erreur de traduction. 

La saga 007 en emblème de la diversité ?

Interrogé la même année par le magazine masculin Details, Pierce Brosnan avait lui estimé que la productrice Barbara Broccoli n’autoriserait jamais "un Bond homosexuel de son vivant. Commençons par un grand acteur noir pour incarner James Bond. Idris Elba en a certainement le physique, le charisme et la présence". Adoubé par le prédécesseur du blond Daniel Craig, le comédien allait lui-même aborder le sujet à plusieurs reprises. Et notamment dans une interview à la radio américaine NPR où il confiait un certain malaise. "Je n’ai pas envie qu’on parle de moi comme le premier James Bond noir", avouait-il, un brin gêné par cette lourde responsabilité.

Depuis, l’idée d’injecter de la diversité dans l’une des franchises les plus mythiques de l’histoire du cinéma a fait son chemin. Rappelons qu’il a fallu attendre 1985 pour voir le célèbre espion prendre une femme de couleur dans ses bras, la chanteuse Grace Jones dans Dangereusement vôtre, avant Halle Berry dans Meurs un autre jour en 2002. Et puis surprise : à l’été 2019, alors que le tournage de Mourir peut attendre a débuté depuis plusieurs semaines déjà, les tabloïds anglais révèlent que la comédienne Lashana Lynch, vue dans Captain Marvel, a été engagée pour interpréter Nomi, une espionne du MI6 qui a récupéré le matricule 007 suite au départ à la retraite de James Bond. Astucieux, n’est-ce pas ?

Si la liste des prétendants à la succession de Daniel Craig inclut désormais Regé Jean-Page, tout comme Idris Elba mais aussi Lashana Lynch, rien ne dit que producteurs et scénaristes se tourneront vers l’un de ces noms. Mais la graine est plantée, à l’heure où la promotion de la diversité est devenue l’une des priorités de l’industrie cinématographique anglo-saxonne. Interrogée en octobre dernier le magazine Total film, Barbara Broccoli laissait toutes les portes ouvertes. "James Bond devra être repensé, de la même manière que chaque acteur a repensé le rôle (…) Le personnages évolue. Finalement quand nous devrons y réfléchir, nous trouverons la bonne personne. Mais il n’a pas besoin d’être un homme blanc."


Jérôme VERMELIN

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