Golden Globes 2017 - Pourquoi on craque pour "Divines", le premier film coup de poing de Houda Benyamina

Marilyne Letertre
Publié le 12 décembre 2016 à 16h55
Golden Globes 2017 - Pourquoi on craque pour "Divines", le premier film coup de poing de Houda Benyamina

REVELATION – Lauréate de la Caméra d’or à Cannes en mai dernier, Houda Benyamina signe avec "Divines" un récit d’apprentissage féminin flamboyant et percutant. Une claque qui représentera la France aux Golden Globes dans la catégorie meilleur film étranger, aux côtés de "Elle", de Paul Verhoeven. Et pourrait bien tout rafler lors des prochains César...

Réduire Divines au "film de banlieue" serait une grossière erreur.  Si le décor est bel et bien celui d’une cité, une étiquette ne suffirait pas pour définir le premier film de Houda Benyamina. Car le portrait de Dounia, adolescente ayant soif de fric et de pouvoir mais ayant surtout besoin d’amour, est tout à la fois : un récit d’apprentissage, une éducation sentimentale, sociale et religieuse, une déclaration d’amour à la danse et au cinéma, un thriller féminin sous tension, une histoire d’amitié.... Le tout conté tantôt avec lyrisme et poésie, tantôt avec réalisme et violence. Parfois avec humour. Divines est inclassable, en marge, libre. Donc unique.  

Des femmes complexes et hautes en couleur

Puisant quelques inspirations chez de Palma (une robe évoquant celle de Michelle Pfeiffer dans Scarface), Scorsese ou encore Spike Lee,  mais trouvant surtout son ton propre, Houda Benyamina ne s’interdit rien et alterne parade amoureuse chorégraphiée (Dounia s’éprend d’un danseur) et suspense insoutenable quand son héroïne tente de prouver à la dealeuse de son quartier qu’elle a bien du "clito". Le langage est lui aussi multiple : cash et agressif dans l’exercice du crime et les rapports de force, tendre et vif dans les échanges entre Dounia et Maimouna, sa meilleure amie.

Ni frontières, ni caricatures : les femmes sont complexes et hautes en couleur (guerrières, romantiques, violentes, viriles, douces...), les hommes divers, entre bouc émissaire, dangereux trafiquant et artiste sensible. Féministe?  Peut-être. Moderne et juste, assurément. Et formidablement incarné par Oulaya Amamra, héroïne, soeur de la réalisatrice et grande révélation dramatique, Déborah Lukumuena, meilleure amie perdue entre ses convictions et son désir d’émancipation, et Jisca Kalvanda, incroyable dealeuse badass. De bien nommées Divines


Marilyne Letertre

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