"J'ai une tête à consentir à une relation sexuelle ?" : des célébrités postent des photos d'elles à 13 ans pour modifier la loi

Publié le 25 janvier 2021 à 10h49, mis à jour le 25 janvier 2021 à 10h55
"J'ai une tête à consentir à une relation sexuelle ?" : des célébrités postent des photos d'elles à 13 ans pour modifier la loi

RÉACTIONS - Alors que le Sénat a adopté à l'unanimité jeudi une proposition de loi visant à criminaliser les relations sexuelles entre un adulte et un mineur de moins de 13 ans, des célébrités se sont jointes sur les réseaux sociaux aux associations de protection de l'enfance pour que l'âge minimum du consentement soit fixé à 15 ans.

Dans le sillage de l'affaire Duhamel et du hashtag #Metooinceste, le Sénat n'a pas échappé à un débat sur l'inceste. Un projet de loi proposant de fixer à 13 ans l'âge minimum du consentement a ainsi été voté à l’unanimité le 21 janvier, enrichie en dernière minute par des mesures spécifiques à la lutte contre l'inceste. Pour l'auteur de cet amendement, Annick Billon, présidente centriste de la délégation aux Droits des femmes, il s'agit de poser dans le droit "un nouvel interdit : celui de tout rapport sexuel avec un mineur de 13 ans"

Mais si cette proposition a remporté l'adhésion dans l'hémicycle, c'est loin d'être le cas pour de nombreuses personnalités publiques qui militent, elles, pour que l'âge minimum du consentement soit fixé à 15 ans. Depuis quelques jours, un hashtag #avant15anscestnon a fait son apparition sur Twitter et Instagram, accompagné parfois de bouilles d'enfants. A chaque fois, une question essentielle est posée : "J’ai 13 ans, j’ai une tête à consentir à une relation sexuelle ?!", s'est par exemple demandée l'actrice Alexandra Lamy en montrant une photo d'elle à cet âge-là.

"Est-ce que j’ai une tête de 'consentement' ? 14 ans et une créole .. A cet âge, je ne sais pas .. Je doute", a renchérit de son côté la chroniqueuse de mode Mademoiselle Agnès, pointant du doigt l’immaturité sexuelle liée à cet âge.

Et la liste des célébrités ne cesse de s'allonger. Certaines ont été marquées jusque dans leur chair, à l'instar de l'animatrice Flavie Flament : "J’avais 13 ans. Et j’ai été violée par David Hamilton. Aurais-je pu être consentante ?", accuse-t-elle.

Même constat pour la comédienne Andréa Bescond, qui a été victime de pédocriminalité. Des viols commis par un ami de ses parents lorsqu'elle avait 8 ans, et qu'elle a raconté dans son film Les Chatouilles sorti en 2018. 

"1992. J'ai 13 ans. J'ai une tête à consentir à une relation sexuelle ? Qui plus est, avec un majeur ?", écrit-elle sur Twitter.

VIDÉO - "Les chatouilles" : quand la victime fait face au déni familialSource : Sujet TF1 Info

Un combat mené depuis longtemps par les associations

Des hommes ont tenu également à se joindre à ce mouvement, comme le journaliste Xavier de Moulins ou encore l'acteur Maurice Barthélémy réclamant que "face à l’inceste, la loi soit changée", car "même après 15 ans, l’inceste est inadmissible", s'insurge-t-il sur Instagram.

Ce combat, les associations de protection de l'enfance le mènent depuis plusieurs années. Et si sur le papier, elles saluent "une réelle avancée législative", car tout acte sexuel avec pénétration entre un mineur de 13 ans et un majeur sera désormais considéré comme un viol, elles pointent aussi "un recul significatif du seuil de tolérance vis-à-vis de la pédocriminalité en France". 

"Pourquoi fixer la barre du consentement à 13 ans ? La promesse de campagne d'Emmanuel Macron la situait à 15 ans la faisant coïncider avec la majorité sexuelle. Simple bon sens...", dénonce par exemple l'association Innocence En Danger, qui lutte pour la protection des enfants contre toutes formes de violences, notamment sexuelles, dans un communiqué publié le 15 janvier. 

Elle ajoute : "Fixer la barre à 13 ans, c'est donc priver par avance de nombreux mineurs de la protection qui leur est due", rappelant au passage l'âge des victimes de dossiers récemment médiatisés. Vanessa Springora - qui dénonçait la pédophilie de Gabriel Matzneff dans son livre Le Consentement -  avait 14 ans lors des faits. Tout comme le frère de Camille Kouchner, victime d'inceste, et l'ancienne joueuse de tennis professionnelle Isabelle Demongeot. Quant à l'actrice Adèle Haenel, elle avait 13 ans et la patineuse Sarah Abitbol, 15 ans.


Virginie FAUROUX

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