Lucie Bertaud, finaliste malheureuse de "Koh-Lanta" : "Sous ma carapace, il y a une petite fille avec un grand cœur"

Propos recueillis par Jérôme Vermelin
Publié le 7 juin 2021 à 22h06

Source : Sujet TF1 Info

INTERVIEW – Championne de boxe et de MMA, Lucie Bertaud est passée tout près de la victoire à Koh-Lanta, le jury final préférant sacrer Maxine. À fleur de peau, elle revient sur son aventure en Polynésie et les critiques de certains candidats qu'elle n'a pas encore tout à fait digérées.

Elle espérait créer la surprise jusqu’au bout. Arrivée au deuxième jour de "Koh-Lanta" : les armes secrètes, Lucie Bertaud a vendu chèrement sa place, quitte à se mettre dos certains membres de l’équipe jaune qui lui avaient selon elle manque de respect. Championne de boxe amateur, reconvertie dans le MMA (Mixed Martial Arts), elle raconte son parcours en Polynésie et ses rêves pour la suite.

Maxine vous a emmenée au jury final pensant qu’elle avait plus de chance de l’emporter que face à Jonathan. C’est ce que vous pensiez aussi ? Ou bien espériez-vous une surprise ? 

En tenant compte du parcours des uns et des autres, je savais que le quatuor jaune m’en voulait et qu’il y avait de grandes chances qu’ils votent pour Maxine. Je me donnais donc de minces chances de gagner, mais comme on n’est jamais à l’abri d’un retournement de situation à Koh-Lanta, j’avais ce petit 1% qui me disait 'on peut peut-être y croire !' (rires). Je savais que ça allait être compliqué et peut-être aussi que dans mon discours final, je n’ai peut-être pas été assez impactante avec certaines personnes, je ne sais pas. Après, Maxine mérite. Elle a montré de belles choses au niveau sportif, stratégiquement aussi. Elle mérite complètement.

C’est une saison où il y a eu beaucoup de tensions et Maxine ne s’est pas fait que des amis…

(Elle coupe). Oui, mais elle s’est faite moins d’ennemis que moi ! C’est ça le problème !

Il y a eu des manières de s’adresser à moi très désagréables, des choses irrespectueuses
Lucie

Quel a été tournant ? Le jeu de confort où les jaunes vous laissent sur le carreau ?

Ce que je dois d'abord dire, c’est qu’à aucun moment je n’ai pensé aller jusqu’à ce stade du jeu. Je ne réfléchissais pas du tout aux conséquences de mes actions, ça c’est clair. Ce moment dont vous parlez a été l’élément déclencheur mais l’eau était en train de bouillir depuis un certain temps. Ça faisait plusieurs jours qu’il y avait des tensions sur le camp des jaunes et que j’encaissais des réflexions très désagréables. Il y avait un certain nombre de choses qui commençaient à me déplaire profondément et cet épisode a tout cassé. Je me suis dit que je devais faire un choix entre mes valeurs, la loyauté et le besoin d’être respectée. Je me suis posée la question et j’ai décidé que j’allais privilégier le respect. J’ai vrillé complètement et je n’en avais rien à faire si ça devait me coûter une élimination. Mon amour-propre était plus important que ce jeu.

Quel genre de réflexions vous a-t-on faites ? 

Il y a eu pas mal de choses, dont certaines ne sont pas dans le montage. Il y a eu des manières de s’adresser à moi très désagréables, des choses irrespectueuses. Moi, perso, je ne m’adresse pas aux êtres humains comme ça. On m’a menacée de m’éliminer parce que soi-disant je prenais la confiance. Alors qu’il n’y avait pas moins en confiance que moi dans cette aventure ! On a confondu ma gentillesse avec de la faiblesse.

On s’imagine tout de suite une espèce de Hulk ! Ce qui fait qu’on m’a jugée plus durement. La réalité, c’est que je suis juste une femme normale, avec deux bras et deux jambes.
Lucie

Le fait d’arriver au deuxième épisode vous a-t-il été un peu préjudiciable ? 

Bien sûr que ça a joué. J’étais l’intruse, la nana sympa qui rigole, mais qui ne doit pas faire trop de vagues. Il ne fallait pas que je parle trop fort. En fait certains attendaient que je donne une bonne raison de me faire éliminer. Alors j’ai pris sur moi, j’ai fait en sorte d’être discrète, et à la fin ça n’a pas été respecté. Or moi aussi j’ai une personnalité ! Le fait d’arriver après les autres, c’est une autre chose. Il y avait aussi le fait qu’on me mette sur un piédestal en me présentant comme une vice-championne du monde. Forcément on s’imagine tout de suite une espèce de Hulk ! Ce qui fait qu’on m’a jugé plus durement. La réalité, c’est que je suis juste une femme normale, avec deux bras et deux jambes. Une femme persévérante et résiliente qui par son optimisme, arrive à atteindre des objectifs fous. Mais je n’ai pas plus de talent que les autres ! En fait je préfère être une outsider, mais de loin !

Il y a un contraste entre les sports de combat que vous pratiquez et l’image plutôt douce que vous avez donnée dans l’émission, non ? 

Les sports de combat, ça a toujours été une carapace pour moi. Quand j’étais jeune, j’ai été confrontée à un monde hostile, et quelque part pour me protéger, j’ai emprunté cette identité de femme forte pour me faire respecter. Ce que j’ai vécu à Koh-Lanta, je l’ai vécu dans ma vie, quand j’étais jeune, puis au travail. Je me cache derrière cette carapace, cette vitrine, en réalité je suis une petite fille qui a un gros cœur, qui est gentille, qui est douce. Mais ce n’est pas ça qu’on voit au premier abord. Et effectivement j’ai été mise à nue dans Koh-Lanta.

Naomi Campbell a eu un enfant à 50 ans, non ? Alors pourquoi pas moi !
Lucie

Où en êtes-vous dans votre carrière dans le MMA ? 

J’ai fait une pause pour Koh-Lanta et ça m’a pris beaucoup trop de temps, d’énergie et de disponibilité psychologique. Le truc, c’est que la crise sanitaire a rendu mon parcours très problématique en termes de compétition puisque Bellator, la société avec laquelle j’ai signé, n’organise plus de combats en Europe en ce moment. Or l’essentiel de mes revenus vient de là.  Autant dire que je suis dans un moment un peu compliqué… Je suis en train de voir comment tourne le vent, mais mon objectif est de trouver une solution à ce problème très rapidement. Je vais continuer à combattre, c’est sûr, mais heureusement je gagne aussi ma vie grâce aux coachings, et aux piges que je peux faire en tant que commentatrice sportive.

Comme tous les sportifs, est-ce que vous pensez déjà l’après ? 

J’ai envie de faire davantage de commentaires sportifs à l’avenir, en particulier  dans le MMA qui est amené à se développer énormément. Il va y avoir beaucoup d’événements et d’opportunités et je pense être un bon porte-drapeau parce que j’ai l’expérience, le palmarès et grâce à Koh-Lanta j’ai aussi une aura médiatique. Pour ce qui est du coaching, j’espère aussi à avoir ma propre structure, mon propre club. Je cherche juste un moyen de financer ce projet, dans l’année à venir.

Quand on pratique ce genre de sport très physique, doit-on mettre de côté sa vie de famille, voire renoncer à avoir des enfants ?  

On y renonce, c’est exactement ça. C’est un choix. Certaines arrivent à avoir une vie de famille et une carrière en même temps. Mais moi j’aime vivre pleinement les choses. Et c’est vrai que ma vie personnelle en a pâti, je ne peux pas mentir là-dessus. Mais à côté de ça j’ai vécu des aventures tellement extraordinaires que je raconte dans mon livre. Pour rien au monde je ne changerais ça. Et puis Naomi Campbell a eu un enfant à 50 ans, non ? Alors pourquoi pas moi ! (Rires)

Refaire un Koh-Lanta, ça vous plairait ? 

Oui, même si je ne sais pas si je pourrais faire mieux parce que là, franchement, je me suis épatée ! 


Propos recueillis par Jérôme Vermelin

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