Mathilde Seigner dans "Une si longue nuit" : "La polémique ne m'amuse plus"

Propos recueillis par Rania Hoballah
Publié le 17 janvier 2022 à 16h37
Dans "Une si longue nuit", Mathilde Seigner joue une avocate qui défend un jeune homme que tout accuse.
Dans "Une si longue nuit", Mathilde Seigner joue une avocate qui défend un jeune homme que tout accuse. - Source : FRANCOIS LEFEBVRE / TF1

INTERVIEW – Dans la fiction de TF1 déjà disponible sur Salto, elle joue une avocate fantasque qui défend un jeune homme accusé de meurtre. Un rôle stimulant pour Mathilde Seigner qui s'apprête à faire une pause dans sa carrière.

Après Sam, elle ne voulait pas refaire de série. Mais elle a changé d'avis. Mathilde Seigner est à l'affiche d'Une si longue nuit, le remake français de la production britannique Criminal Justice. Emballée par la fiction déjà disponible sur Salto et qui arrive ce jeudi sur TF1, la comédienne a accepté de se glisser dans la peau d'Isabelle, une avocate fantasque et borderline, qui va défendre Sami (Sayyid El Alami, une vraie révélation), un étudiant sans histoire accusé du meurtre d'une jeune femme avec qui il a passé la nuit. Un rôle sur mesure pour Mathilde Seigner qui reste toujours aussi cash même si elle s'est (un peu) assagie. 

Qu'est-ce qui vous a séduite dans Une si longue nuit ?

C'était un tout : l'histoire, la thématique, le fait que ça se passe à Marseille. J'avais aussi envie de travailler avec le metteur en scène Jérémie Minui, le fils de Nicole Calfan et de François Valéry que j'ai connu enfant. Et puis je trouvais ça super de jouer une avocate rock'n'roll et "attachiante", comme la majorité des personnages qu'on me propose d'ailleurs. Mais je trouve quand même qu'elle a des facettes hyper intéressantes.

Avocate, c'est un métier qui vous auriez aimé exercer ?

Non, pas du tout. Même si ça ressemble au métier de comédien, parce qu'un avocat se met en scène pendant les plaidoiries, je n'aurais pas aimé. Ça m'aurait usé je pense. Par contre j'aurais adoré être flic. Commissaire divisionnaire, ça m'aurait fait triper, car je suis fascinée par les tueurs en série et les détraqués. 

"Je ne veux pas être coincée par la vérité", dit Isabelle, votre personnage. La vérité est-elle relative ? 

Isabelle ne veut pas être coincée par la vérité parce qu'en réalité, on la connaît jamais vraiment. La justice se dépatouille avec une vérité qui est parfois relative. Dans les affaires de meurtre ou de viol, c'est souvent une parole contre une autre, même si à une époque comme aujourd'hui, c'est plus l'homme qui a tort. 

La fiction se déroule dans un contexte de féminicide. Alors qu'il clame son innocence, Sami est d'office accusé…

Oui, mais c'est aussi parce qu'il est maghrébin. Sami vient d'une famille super intégrée avec de bons parents, ce n'est pas une racaille, et pourtant il souffre des préjugés. Et c'est ça qui est intéressant d'ailleurs, parce que du coup, le spectateur est sans cesse ballotté. Mais c'est vrai que la fiction aborde un vrai sujet d'actualité, comme on le voit avec les accusations de viols qui se multiplient.

Je vais faire une pause parce que j'ai besoin de retrouver l'envie d'avoir envie, comme disait notre ami Johnny Hallyday
Mathilde Seigner

Sayyid el Alami est un comédien bluffant. C'était intéressant de jouer avec lui ? 

Oui ça l'était. II était très mignon, mais très concentré surtout durant le tournage. C'est un môme, il avait la pression, du coup je le laissais dans son univers. Ce qu'il jouait était tellement complexe que je n'osais pas le déconcentrer alors qu'en général j'ai plutôt tendance à déconner sur les tournages. 

Qu'est-ce que vous motive aujourd'hui pour un rôle ?

En ce moment, pas grand-chose. D'ailleurs je vais faire une pause parce que j'ai besoin de retrouver l'envie d'avoir envie, comme disait notre ami Johnny Hallyday. Je dois admettre que je m'ennuie beaucoup maintenant sur les tournages. Et puis ça fait 34 ans que je bosse comme une folle et j'ai envie de vivre, tout simplement. Cela dit, j'ai beaucoup aimé l'espèce de coréalisation que j'ai pu avoir avec Fabien Onteniente dans le téléfilm qu'on a tourné ensemble, Les enfants des Justes. Je me suis rendue compte que j'aimais assez ça. 

On ne peut plus rien, sinon on se grille. On vit une époque très ennuyeuse
Mathilde Seigner

La réalisation, ça permettrait peut-être de vous remotiver ? 

Probablement oui, pourquoi pas ? Quand on est acteur, on est plutôt passif. On subit la nullité d'un metteur en scène, ses mauvais goûts, son manque de talent aussi parfois. Et on est sans arrêt scruté, jugé et critiqué. Quand un film est mauvais, on s'en prend plus facilement à l'actrice qu'au metteur en scène. C'est violent à vivre. Alors quand on arrive à mon âge et qu'on se prend des réflexions pas sympas dans la tronche, et bien on n'a plus envie.

Il y a quelques années, vous avez dit dans Elle : "Je me comporte en public comme si j’étais dans ma salle de bains". Est-ce que c'est encore le cas ?

Ah non ! J'aimerais bien dire ce que je pense, mais je ne le fais plus. Je me retiens. D'ailleurs le public m'en veux beaucoup, les gens me le disent dans la rue. Mais avec les réseaux sociaux aujourd'hui, c'est plus possible. Pourquoi est-ce que je vais m'emmerder à dire ce que je pense pour me pendre ensuite des coups pendant 15 jours ? Avant la polémique ça m'amusait. Mais aujourd'hui c'est fini. On ne peut plus rien dire en plus, sinon on se grille. En fait, on vit une époque très ennuyeuse. 


Propos recueillis par Rania Hoballah

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