"My name is Fatoumata Bond" : accusé de racisme, le Youtubeur Norman Thavaud se défend

Publié le 29 décembre 2020 à 12h32
"My name is Fatoumata Bond" : accusé de racisme, le Youtubeur Norman Thavaud se défend
Source : Norman / Youtube

POLÉMIQUE – Youtubeur et humoriste à succès, Norman Thavaud est dans l’œil du cyclone suite à la diffusion sur les réseaux sociaux d’un extrait de son dernier spectacle où il évoque la présence d’un personnage de femme noire dans le prochain James Bond. Taxé de racisme, le jeune homme reconnaît une maladresse mais dénonce "la malhonnêteté intellectuelle" de ses détracteurs.

Norman Thavaud a-t-il franchi la ligne rouge ? Depuis quelques jours, l’humoriste est au cœur d’une vive polémique suite à la diffusion sur les réseaux sociaux d’un extrait de son dernier one man show, Le spectacle de la maturité, disponible depuis début décembre sur la plateforme Prime Vidéo après avoir été joué dans toute la France, en Belgique, en Suisse et au Canada depuis sa création en 2019. Face à son public, le jeune homme s’immisce dans le débat sur la diversité au cinéma en prenant pour exemple le prochain volet de la saga James Bond, Mourir peut attendre

 

"La dernière connerie qu’ils ont trouvée pour essayer de lutter contre le racisme, c’est dans le prochain James Bond qu’ils sont en train de tourner en ce moment au cinéma. Le prochain personnage de James Bond, enfin agent 007, sera incarné par une femme renoi. Est-ce qu’on n’est pas en train d’aller trop loin dans la lutte contre le racisme ?", s’interroge-t-il, avant de lâcher : "My name is Bond. Fatoumata Bond", provoquant les rires de l’assistance, avant de suggérer que Thierry Lhermitte incarne Michael Jordan dans un prochain biopic.

De nombreux cinéphiles ont vite pointé l’erreur factuelle commise par Norman puisque si la comédienne noire Lashana Lynch figure bien au générique du film, ce n’est pas pour incarner le personnage de James Bond, toujours interprété par Daniel Craig, mais celui de l’agent Nomi qui a récupérée le matricule de 007, après le départ à la retraite de son prédécesseur. Repoussé à plusieurs reprises en raison de la pandémie de coronavirus, Mourir peut attendre sera sur les écrans en avril prochain.

Comment se fait-il qu'il n’ait pas saisi qu’il mobilisait des poncifs racistes et misogynes en choisissant de désigner l’actrice Lashana Lynch par le prénom très répandu de Fatoumata ?
La chanteuse Yseult sur Instagram

Mais si le sketch de Norman provoque un vif émoi, c’est surtout en raison de l’emploi du prénom Fatoumata. "Commentaire raciste, misogyne en tout impunité, normal", résume la chanteuse Yseult dans un message posté sur Twitter et Instagram. Dans une story, elle va plus loin : "Rien ne va. Comment se fait-il que Jacky-Cyril (les deuxième et troisième prénoms de Norman – ndlr) n’ait pas saisi qu’il mobilisait des poncifs racistes et misogynes en choisissant de désigner l’actrice Lashana Lynch par le prénom très répandu de Fatoumata ?".

Je n’ai jamais voulu me moquer du prénom Fatoumata. Je parlais des studios de cinéma américains qui parfois, pour se donner bonne conscience, se la jouent antiracisme de façade, voilà
Norman, sur Instagram

Pour Norman, qui est l’un des plus Youtubeurs les plus suivis de France, avec 12,2 millions d’abonnés, la pilule est dure à avaler. Et nécessitait une réponse. Dans une story postée lundi soir sur Instagram, il fait d’abord son mea culpa. "Je voulais revenir sur une blague de mon spectacle qui, clairement, est mal passée", explique-t-il. "Elle a choqué certaines personnes et c’était pas du tout le but, donc je tiens sincèrement à m’en excuser." 

"Je n’ai jamais voulu me moquer du prénom Fatoumata", insiste Norman. "Je parlais des studios de cinéma américains qui parfois, pour se donner bonne conscience, se la jouent antiracisme de façade, voilà. Mais c’était mal amené, c’était maladroit. C’était pas une bonne idée, je n’aurais pas dû la faire, vraiment je regrette."

Autant dire que Norman n’accepte pas qu’on l’accuse du mal qu’il entendait dénoncer. "On ne peut pas résumer un spectacle à une blague. Quand je lis dans les commentaires, ‘ton spectacle est un spectacle raciste’… Les gens qui disent ça n’ont pas vu mon spectacle et ne le feront probablement pas parce qu’ils s’en foutent totalement. Mais c’est de la pure malhonnêteté intellectuelle", lance-t-il, visiblement ému.  

 

"Dedans je parle du privilège blanc. Je parle de la culpabilité blanche. Je parle de mes potes rebeus qui passent leur temps à se faire contrôler, donc du contrôle au faciès, du fait que je ne peux même pas rentrer en boite avec eux (…) Donc j’invite ces gens qui disent ces inepties, ces grosses bêtises, à aller regarder mon spectacle de A à Z pour se rendre compte que son contenu ne laisse planer aucun doute sur le fond de mes pensées et sur la sincérité de mon engagement antiraciste." Fin de la polémique ?


Jérôme VERMELIN

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