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On le pensait au bout du rouleau. Rongé par le Ricard et le chagrin. Et voilà Renaud à nouveau sur scène. Mais à 64 ans, le chanteur peut-il encore assurer un tour de chant ? Il est 20h05 quand les lumières de la salle Agora d’Evry s’éteignent enfin. Le drap protégeant la scène tombe et dévoile un Renaud, entouré de six musiciens, et arborant le même look que dans les années 80 : jeans, perfecto et bandana autour du cou.
Le chanteur dégaine "Toujours debout", le single qui a marqué son retour. Serrées sur son micro, les mains de Renaud tremblent. Dès les premières notes, on comprend que la voix du chanteur est usée, abîmée par des années d'alcool et de cigarettes. Ses fans le savent, Renaud est un rescapé. Ils lui passent tout : son timbre caverneux comme ses petits trous de mémoire sur "Rouge sang" (malgré les discrets prompteurs installés sur scène).
Derrière le groupe, des écrans reconstituent des rues de Paris tandis qu'un voile descend régulièrement sur scène pour une animation en hologramme pas franchement convaincante. S’en suivent, 2h30 d’un show intime et chaleureux porté par une setlist faisant certes la part belle à son dernier album ("J’ai embrassé un flic", "Mon anniv’", "Dylan"…) mais aussi à son répertoire plus ancien ("Manu", "Morgane de toi", "Dès que le vent soufflera", ou "Manhattan Kaboul").
Entre chaque chanson, Renaud parle. Beaucoup. Fustige la télé, Youtube et Twitter. Jure qu’il ne boit plus "que de l’eau". Avant d’entamer "En Cloque", il ronchonne : "Les Français ont décidé que la chanson la plus belle de tous les temps était "Mistral Gagnant". Moi je préfère celle-ci." Avant son titre "La Médaille": "J'ai embrassé un flic mais pas encore de militaire. La prochaine chanson est légèrement anti-militariste."
Mais si Renaud sait plaisanter, il sait aussi mordre. Pour introduire sa chanson sur la tuerie de l'Hyper Cacher, le chanteur règle ses comptes avec la presse : "Je préfère écrire des chansons sur des vérités qui dérangent plutôt que sur des mensonges qui font sourire. Cette chanson je la dédie à la connasse du Nouvel Obs."
Par deux fois, il évoque son "très beau gendre" Renan Luce, qui fait donc toujours partie de la famille Séchan. Sur "Les Mots", sa nouvelle chanson co-écrite avec le jeune chanteur-compositeur, Renaud salue d’un geste de la main les noms de Paul Léautaud, Georges Brassens et Claude Nougaro.
Le vieux chanteur jette ses dernières forces dans un rappel avant de tirer sa révérence sur un medley de ses vieux hits, de "Dans mon HLM", à "Laisse Béton" en passant par "Miss Maggie" . Laissant ravi, un public certes conquis d’avance.