Victime d'un pédophile à 9 ans, Andréa Bescond expie son traumatisme dans un film coup de poing, "Les chatouilles"

Publié le 13 novembre 2018 à 19h40

Source : Sujet TF1 Info

CATHARSIS - De son spectacle à succès, Andréa Bescond a tiré avec son compagnon Eric Métayer un film puissant sur la capacité à se reconstruire après avoir été victime de pédophilie. "Les chatouilles" sort en salles mercredi 14 novembre.

Quand elle était petite, Odette voulait devenir danseuse étoile. La trentaine, Odette boit, se drogue, incapable d’avoir une relation stable et de se laisser aimer, mais surtout elle danse la rage au corps comme si elle voulait se faire mal. Décidée à reprendre sa vie en main, elle rompt la loi du silence et porte plainte contre "l’ami" de la famille qui a abusé d’elle quand elle était gamine. Commence alors un long (et magnifique) travail de résilience où Odette raconte son histoire à une psy-amie, ouvrant les portes de ses souvenirs et de son inconscient comme dans une maison de poupée. Et quand les mots se révèlent impossibles à dire, c’est la danse cathartique qui prend le dessus pour tout exprimer. 

"Comme on ne peut plus parler quand on est victime de violence sexuelle, c'est le corps qui prend le relais, en tout cas pour moi" confie à LCI la coréalisatrice et actrice Andréa Bescond. Accompagnée d’Eric Métayer, son compagnon et pilier, elle a adapté au cinéma son spectacle autobiographique Les chatouilles ou la danse de la colère, qui avait reçu le Molière du meilleur Seul en scène il y a deux ans. 

Sur un sujet aussi douloureux, un mouvement porteur d'espoir

Film à l'énergie contagieuse, à l'image de son interprète, Les Chatouilles fait un va-et-vient permanent entre passé et présent, entre les phrases qu'Odette a rêvées de prononcer et une réalité plus terne. Si elle jouait tous les personnages sur scène, Andréa Bescond laisse dans son film à ses acteurs la lourde tâche d’incarner "les dommages collatéraux". Dans le rôle de la mère en plein déni qui engueule sa fille plutôt que de lui demander pardon, Karin Viard est glaçante jusqu’aux os ; dans celui du père qui crève d'impuissance, Clovis Cornillac dévaste. Pierre Deladonchamps impressionne, lui, en monstre humain aux antipodes du fantasme du pédophile-type, libidineux, pervers, dont on devine les intentions à 20 kilomètres et Grégory Montel, repéré dans la série Dix pour cent, apporte une promesse d’avenir, celle de la possible reconstruction. 

VIDÉO - "Les chatouilles": un film construit sur la mémoireSource : Sujet TF1 Info

Vu le sujet, on pouvait craindre le terrorisme lacrymal, il n'en est rien. C'est le mouvement - celui de la danse - et la lumière - celle de l'amour et celle du groupe comme corps mouvant - qui triomphent. Soit tout le processus de la catharsis. Andréa Bescond rappelle que "154.000 enfants sont violés chaque année en France", soit "un fléau terrible et favorisé avec la complicité de chacun. Il faut se rebeller contre l’inaction de la Justice et il faut qu’entre citoyens on en parle et qu’on agisse." Avec son film, elle espère que les spectateurs en prendront conscience. 

En sortant de la salle, les réactions sont vives : "Les spectateurs se sentent ultra-vivants, en colère et en même temps soulagés, confie à LCI Andrea Bescond. Ils ont généralement envie de retrouver leurs proches, de les embrasser, notamment leurs enfants, et leur dire : je suis là pour toi". 

Les Chatouilles, en salles mercredi 14 novembre


Romain LE VERN

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