"Titane", Palme d'or du 74e Festival de Cannes : sexe, tôle et rock n’roll, le chef-d’œuvre rugissant de Julia Ducournau

Jérôme Vermelin, à Cannes
Publié le 17 juillet 2021 à 22h05, mis à jour le 17 juillet 2021 à 22h16

Source : Sujet TF1 Info

ON ADORE – Il y aura un avant et un après "Titane" sur la Croisette. Dans son deuxième film après "Grave", la jeune réalisatrice française Julia Ducournau orchestre la fusion de la chair et du métal pour raconter le genre, l’identité et la filiation. Un petit miracle qui pourrait la placer très haut au palmarès du 74e Festival de Cannes.

Spike Lee et ses nouveaux amis vont-ils oser lui décerner la Palme ? Ou se contenter d’un prix du jury pour ne pas choquer les âmes sensibles de la Croisette ? Quoi qu’il arrive samedi soir, Julia Ducournau a signé avec Titane le film le plus renversant de ce 74e Festival de Cannes. Et pas seulement parce qu’il débute avec un carambolage, celui qui a laissé la petite Alexia avec une plaque de titane dans le crâne. Les médecins ont beau mettre en garde ses parents contre d’éventuelles séquelles neurologiques, ils ne savent pas à quoi s’attendre…

Devenue adulte, Alexia (la captivante Agathe Rousselle) exhibe fièrement son impressionnante cicatrice et son corps de femme lors de shows érotico-motorisés qui font passer les courses clandestines de Fast & Furious pour d’aimables tours de manège à Disneyland. Sous les douches, elle fait la connaissance de Justine (Garance Mariller), une petite nouvelle, avant d’être accostée sur le parking par un fan bien lourd qui va regretter le déplacement. Mais c’est une troisième rencontre disons plus "mécanique" qui va changer le cours de l’histoire…

Un grand film mutant

Cinq ans après Grave, présenté à la Semaine de la critique et nommé au César du meilleur premier film, certains craignaient que la marche de la sélection officielle soit trop haute pour l’ancienne élève de la Femis, biberonnée aux films de David Cronenberg et John Carpenter. Or non seulement Titane est en compétition. Mais quoi qu’il arrive, ce long-métrage mutant aura offert aux festivaliers le genre de choc dont on reparlera encore dans de nombreuses années. Pas besoin d’attendre très longtemps pour vous faire un avis puisqu’il est en salles ce mercredi. Un conseil : faites un repas léger ou pas de repas du tout avant la séance.

Si vous avez lu le pitch du film, sachez que Julia Ducournau a volontairement brouillé les pistes pour surprendre les spectateurs sur la vraie nature de son intrigue, et c’est très bien comme ça. Digérant les références citées précédemment, et d’autres plus pointues comme le Tetsuo de Shin’ya Tsukamoto, Titane est avant tout un grand film sur le corps. Sa beauté, ses mutations, la douleur qu’on lui inflige et qu’il nous inflige. Sur le genre, l’identité et la filiation aussi à travers la relation qui se noue avec le personnage interprété par Vincent Lindon, métamorphosé en monstre de muscles et d’amour.

Titane n’est évidemment pas le genre d'expérience qui ménage les spectateurs et si certains tournent de l’œil dans les virages, c’est normal. Toutefois ses effets choc ne sont jamais gratuits, au contraire. Ils témoignent de l’évolution intime de l’héroïne, au propre comme au figuré, Julia Ducournau les orchestrant avec une délicieuse dose d’humour noir qui trouve son paroxysme dans une sensationnelle reprise de "La Macarena" – vous avez bien lu - qu’on rêve d’entonner en chœur lors du palmarès. Chiche ? 


Jérôme Vermelin, à Cannes

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