"Parfois, je m'auto-énerve" : la joueuse de tennis Alizé Lim se confie sur son expérience de HPI

par Laure GIUILY
Publié le 7 mai 2021 à 9h57

Source : TF1 Info

TÉMOIGNAGE - Alors que la série "HPI" bat des records d'audience sur TF1, la joueuse de tennis professionnelle Alizé Lim raconte dans un livre son quotidien de femme à haut potentiel intellectuel. Elle s'est confiée à TF1.

"Un bruit, un regard, un paquet de chips." Un rien suffit à attirer l'attention d'Alizé Lim, et parfois à ses dépens. Identifiée comme personne à haut potentiel intellectuel à l'âge de 8 ans, la jeune femme essaye depuis d'apprivoiser ce sixième sens qui lui joue souvent des tours, tant dans sa vie personnelle que pour sa carrière sportive. Elle raconte son expérience dans un livre qui sortira le 19 mai, Eloge de l'inconditionnel, témoignage d'une zèbre sur le court.

Encore petite quand on lui a annoncé qu'elle faisait partie des 2,3% surdoués au monde, Alizé Lim n'a pas compris tout de suite ce que cela impliquait. "Pour moi, cela voulait surtout dire avoir des facilités à l'école, sauter des classes, mais on ne m'a pas trop expliqué ce que cela voulait dire", confie-t-elle dans le reportage de TF1 en tête de cet article sur les personnes à haut potentiel intellectuel.

Un sixième sens ?

Problèmes de concentration, hyperactivité cérébrale, crises émotionnelles... En grandissant, Alizé Lim essaie de gérer au mieux ces aléas liés au haut potentiel intellectuel. La découverte du tennis à l'âge de 14 ans lui a permis de trouver une forme de paix intérieure. "Le tennis me permet d'arrêter de tout analyser et de vivre dans l'instant présent. C'est comme si mon instinct animal reprenait le dessus et que mon cerveau s'éteignait. C'est un réel plaisir."

Mais même au tennis, les émotions finissent par reprendre le dessus. "Un bruit, un regard, un paquet de chips qui va me faire penser à la dernière fois que j'ai mangé des chips, mais c'était quel genre de chips et c'est vrai que la fois d'avant ... Et en fait y a un point qui vient de se passer et je viens de le perdre", détaille la compagne de l'ancien basketteur Tony Parker, qui s'agace de toujours "sur-analyser."

Parfois, je m'auto-énerve, je me dis 'ça suffit tais-toi, j'ai envie de dormir'.
Alizé Lim

"Il y a une forme d'hyperactivité cérébrale qui se met en route dont on a envie de se débarrasser, que ce soit pour s'endormir le soir ou pour se concentrer lors d'un match et ne pas sur-analyser les 40 coups que l'autre vient de frapper pendant les dernières minutes", poursuit-elle, avant de conclure : "Parfois je m'auto-énerve, je me dis 'ça suffit tais-toi, j'ai envie de dormir'."

Quand à 27 ans, Alizé Lim découvre le livre de la psychologue Jeanne Siaud-Facchin Trop intelligent pour être heureux ?, c'est comme "un tremblement de terre." Dans cet ouvrage, la spécialiste, qui a fondé les premiers centre de France d'accompagnement pour les hauts potentiels intellectuels, explique les souffrances parfois liées au fait d'être surdoué. 

Un soulagement pour Alizé Lim. "Je me suis dit que je n'étais pas folle. Ça m'a aussi déculpabilisé de beaucoup de choses et permis d'en assumer plein d'autres", raconte la jeune femme. Depuis, elle voit régulièrement Jeanne Siaud-Facchin, qui l'aide à mieux comprendre ses émotions. Un travail de long terme, mais qui semble porter ses fruits. "Avant de rencontrer Jeanne j’avais tendance à souvent sortir du cadre et à me sentir coupable. Je faisais plein de choses en même temps - tennis, télévision, designer des vêtements - et c'était mal vu, car je n'avais pas l'air concentrée, mais je ne pouvais pas m'en empêcher, car ça me nourrissait. Depuis que je connais Jeanne, je m'y autorise."

Alors, bénédiction ou malédiction ? Difficile à dire pour la jeune femme. "Ça dépend des jours, mais on va espérer que ce soit à 80% une bénédiction, car à côté des crises émotionnelles, 80% du temps, c'est aussi la capacité de s’émerveiller pour rien du tout. Planer dans des hauteurs, ça donne beaucoup de force.


Laure GIUILY

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