VIDEO – Le Kestuf’ de Eddy de Pretto : "Mon côté chelou m’a permis de passer des portes"

Publié le 17 avril 2021 à 19h00, mis à jour le 17 avril 2021 à 19h34

Source : Sujet TF1 Info

INTERVIEW - Entre rap et chanson, il s’est déjà forgé une place à part dans le paysage musical français. Eddy de Pretto est de retour avec le splendide "À tous les bâtards", un deuxième opus aussi mélodique qu’engagé, une ode à la différence qu'il raconte dans le Kestuf' de LCI.

La France l’a découvert en 2018 avec Cure, un album coup de poing qui s’est vendu à plus de 300.000 exemplaires. Eddy de Pretto, c’est un son qui emprunte aussi bien à la chanson française qu’aux musiques urbaines anglo-saxonnes. C'est un vrai personnage aussi, évoquant son homosexualité sans détour dans des textes à la beauté crue. Bref un style unique qu’il cultive avec À tous les bâtards, l’un des plus beaux disques de ce début d’année 2021. Et dont le titre est emprunté à la chanson "Freaks", l’une des celles qui résument le mieux la démarche de son auteur. 

"Il y a une phrase d’accroche dans le refrain qui fait ‘À tous les bizarres, à tous les étranges, à tous les bâtards’", raconte-t-il dans le Kestuf’ de LCI. "Ça parle du fait d’être à la marge, d’être exclu ou de se sentir exclu à un moment de sa vie, pas dans les normes les plus traditionnelles entre guillemets. Chose que j’ai senti assez souvent. J’ai écrit cette chanson pour me dire ‘ça va être une force, ça va être quelque chose qui va m’aider à vivre ces différences-là". Parce que je trouve ça beau de ne pas entrer dans les cases. Moi mon côté chelou m’a permis de passer des portes."

Sur le premier, je me cachais un peu plus sous un masque. Là je me suis dit ‘je vais oser, je vais me permettre des choses. L’album est beaucoup plus mélodieux, j’ose beaucoup plus chanter.
Eddy de Pretto

Si le succès réconforte, il ne guérit pas toutes les blessures. "Malheureusement ou heureusement d’ailleurs. Parce que sinon je n’aurais rien d’autre à dire et ce serait triste", estime Eddy qui a vu dans l’accueil réservé à Cure un encouragement à aller plus loin, encore, dans sa mise à nu. "Sur le premier, je me cachais un peu plus sous un masque. Là je me suis dit ‘je vais oser, je vais me permettre des choses. L’album est beaucoup plus mélodieux, j’ose beaucoup plus chanter."

L’une de plus belles illustrations, c’est le délicat "Rose Tati", l’un des titres les plus personnels de sa carrière. "Rose Tati, c’est ma tante qui habitait à Montmartre", raconte le chanteur. "Elle m’a permis d’être la personne que je voulais, ou en tout cas rêvais d’être. Elle était exubérante, décadente, libérée. C’était toujours elle qui disait : ‘il sera bien ce qu’il voudra’. Et je pense que ça a été une source d’inspiration, un vrai moteur pour moi".

Eddy de Pretto, 28 ans en mai prochain, est devenu en peu de temps l’emblème d’une nouvelle génération qui bouscule les schémas bien établis de l’industrie du disque. "Il y a encore énormément de chemin à faire, mais le processus d’acceptation de la différence est en train d’évoluer", estime l’intéressé. "Dans les années 2000, les standards étaient très lisses, très beaux. C’était des archétypes masculins magnifiques, hyper bien dessinés. Aujourd’hui chaque personne peut s’identifier à quelqu’un, parce qu’il y a une multitude de faciès et de discours."

Soutien sans détour à Hoshi

Autant dire que les attaques récentes de Fabien Lecoeuvre, l’ex-attaché de presse de Michel Polnareff à l’encontre du physique de sa jeune collègue Hoshi, lui restent en travers de la gorge. "C’est bas, c’est ridicule", lâche-t-il. "L’émancipation, les discours de plus en plus différents et réels sur nos réseaux feront que ces hommes-là, ces gens-là ne pourront plus s’octroyer le droit d’avoir des discours comme ça. Il faut des discours différents, il faut des gens différents. Et si ça ne convient pas à certaines personnes… Tant pis !".


Jérôme VERMELIN

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