Luc Leblanc : "Je mets le petit Bardet sur le podium"

Publié le 16 juillet 2014 à 10h33
Luc Leblanc : "Je mets le petit Bardet sur le podium"

TOUR DE FRANCE 2014 — Quatre Français dans le Top 8 du Tour de France : difficile de faire mieux comme première semaine. Et ça, Luc Leblanc s’en réjouit. Le champion du monde 1994 ne manque pas une étape et apprécie particulièrement Romain Bardet, 23 ans, actuel 3e du classement à 3’01’’ de Nibali. Un crack qu’il imagine faire fureur jusqu’au podium des Champs-Elysées.

Après Andy Schleck (4e étape) et Christopher Froome (5e), le Tour a perdu un autre ancien vainqueur avec Contador. C'est une hécatombe...
Oui et c’est assez pénible. L’absence de Froome pour cause de chutes, puis de Contador depuis lundi, enlève un peu de piment à la course. On s’attendait à voir un duel entre les deux avec Nibali en troisième larron pour batailler dans les Alpes, puis les Pyrénées. Maintenant, les cartes sont redistribuées différemment avec les abandons pour blessure des grands leaders.

Qu’attendre désormais pour les jours à venir ?
Bien sûr, le Tour va être ouvert, mais pour qui et pour quelle place ? Ce sera plus pour la 2e et la 3e place. Nibali ne se fera pas avoir par Valverde ou Porte dans les cols. On aurait pu dire le contraire il y a deux jours mais vu l’arrivée à la Planche des Belles-Filles, c’est clair qu’il n’y a pas d’opposition pour Nibali. Quand l’Italien a attaqué, Valverde et Porte n’ont pas suivi. Et on peut imaginer que ce sera la même chose dans les Alpes. Donc les interrogations sont plutôt : qui va terminer sur le podium ? Est-ce qu’il y aura un Français dans le Top 3 ? Les Français vont ils s’entendre ? Deux leaders dans la même équipe comme Bardet et Péraud, ce n’est jamais évident.

Peuvent-ils tous se maintenir dans le Top 10 ?
Tony Gallopin ne va pas y rester, il a de grosses qualités mais ce n’est pas un grimpeur. Les trois autres (Bardet, Pinot et Péraud) peuvent largement viser le Top 10, même le Top 5. Je mets même le petit Romain Bardet sur le podium. Ce sera dur de doubler Richie Porte mais il peut réussir un coup par rapport à Valverde, qui peut être distancé si ça attaque en montagne. Thibaut Pinot peut aussi terminer sur le podium mais il a des lacunes contre la montre. S’il n’arrive pas à Bergerac (20e et dernière étape avant Paris, ndlr) avec au moins 3’30’’ d’avance sur ses deux concurrents, il n’y sera pas. Bardet est meilleur sur les chronos, donc je le vois davantage dans les 3.

"Romain Bardet est un mec mature, qui ne panique jamais"

Pinot (10e en 2012 pour sa première participation) et Bardet (15e en 2013 dans le même cas) confirment-ils les espoirs placés en eux ?
C’est plus encourageant pour Bardet. L’an dernier, Pinot n’était pas au top au départ du Tour, il avait la pression et il n’a pas réussi à la gérer comme il faut. Au contraire, concernant Bardet, on sent le mec mature, qui tient le cap, ne panique jamais. Quand on l’entend en interview, c’est toujours concis, toujours bien tourné. Lui, il est dans son trip, ses objectifs bien en tête.

A-t-il le profil pour postuler au podium régulièrement ?
Ah oui, je le vois durablement dans le Top 3. Et j’en vois un autre, c’est Warren Barguil (double vainqueur d’étape en montagne sur la Vuelta 2013, ndlr). Son équipe, Giant, a voulu le couver et ça a fait grincer des dents car ils ont sélectionné le Chinois à sa place. Mais ces deux Français sont l’avenir du podium. Je n’oublie pas Pinot, s’il progresse. Mais je le vois davantage gagner de grandes étapes pyrénéennes ou alpestres. Pour le podium, il faut être très bon en chrono et excellent descendeur aussi. Pinot s’en sort pas mal pour le moment et a fait une très belle étape lundi mais il faut juger sur la durée.

Vous semblez apprécier particulièrement Romain Bardet…
(Sourire). J’avais fait une course cyclo-sportive il y a quelques années. Je ne touchais plus au vélo depuis ma retraite dix ans auparavant et j’avais repris l’entraînement pendant trois mois pour cet événement. Au programme, trois cols de 15 bornes à monter. On arrive au dernier à cinq échappés, j’étais le plus vieux, les autres avaient 24-25 ans et il y avait Romain qui sortait des juniors, il venait de faire 12e des Championnats du monde l’année d’avant. Dans le sprint pour la victoire, j’avais ma roue avant au niveau de son dérailleur mais impossible de le battre. Alors, depuis ce temps-là, je le connais et j’avais senti qu’il ferait un très beau coursier. C’est marrant de le voir aujourd’hui sur le Tour, et à la 4e place.


La rédaction de TF1info

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