Tour de France 2016 : ça veut dire quoi, "gruppetto" ?

Jérémy SATIS
Publié le 3 juillet 2016 à 10h00
Tour de France 2016 : ça veut dire quoi, "gruppetto" ?

DICTIONNAIRE - Entre le 2 et le 24 juillet, les plus grands coureurs au monde se retrouvent comme tous les ans sur les routes de France pour la plus prestigieuse des courses par étapes. L'occasion pour les téléspectateurs de continuer à admirer les paysages... mais aussi de comprendre la course et le jargon cycliste qui va avec. Premier épisode de notre série avec le terme "Gruppetto", qui nous est notamment expliqué par Cyrille Guimard et les auteurs du livre "En boucle, un autre regard sur le tour"

Lexicalement, "gruppetto" est un mot italien qui signifie littéralement "petit groupe". En cyclisme, le gruppetto est un rassemblement de coureur qui s’effectue naturellement dans les cols à l’arrière du peloton. Majoritairement composé de sprinters, qui ont les cuisses bien trop musclées pour être rapide lorsque la route s’élève, le gruppetto, aussi appelé autobus, permet aux plus lents en montagne de rouler ensemble et d’ainsi optimiser leurs chances d’arriver dans les délais à la fin de l’étape.

Eh oui car dans chaque étape de grands tours (Vuelta, Giro, Tour), les coureurs ont un temps à respecter, lequel est calculé en fonction du chrono du vainqueur de l'étape. Et si un coureur est hors-délai, il peut être disqualifié de la course le lendemain. D'où l'intérêt pour les cyclistes lents, malades ou en méforme de rouler en groupe pour maximiser leurs chances d'arriver à l'heure...

La définition de "En boucle, un autre regard sur le Tour"* :

"Le peloton est éminemment polyglotte. Par-dessus le chant des pédaliers, le flamand se mêle au basque, le batave au slovaque et le français au castillan. Entre tous ces idiomes, circule une espèce de sabir qui sait choisir dans chaque langue le mot le plus parlant et le plus juste. Pour les escouades de coureurs lâchés dans les étapes de montagne, l’italien rallie tous les suffrages.

Bien serrés, bien pépères et uniquement préoccupés d’arriver dans les délais prescrits par l’organisation de la course, les attardés ne désignent plus leur convoi que par un seul terme : il gruppetto. Et par la seule grâce de cette expression, ils ont l’impression de se sentir moins fatigués, moins soumis aux dures lois de la concurrence, moins délaissés par la gloire."
"En boucle, un autre regard sur le Tour" (Editions Tana)

 Celle de Cyrille Guimard, ancien coureur : 

"Il y a 30 ans, les délais étaient différents"
"De nos jours, les délais sont calculés de telle sorte qu’un cycliste avec une jambe de bois ne puisse pas être disqualifié... Ce sont les directeurs sportifs qui ont mis la pression il y a quelques années pour que leurs coureurs ne soient plus disqualifiés. Sur le Tour de France, les cyclistes qui forment le gruppetto peuvent maintenant se permettre de perdre une minute par kilomètre. Je trouve ça illogique et puis l’équité sportive n’est pas respectée : certains équipiers sont capables de rouler fort le lendemain juste parce qu’ils ont passé la veille à se reposer dans le gruppetto. Il y a trente ans, les délais étaient différents."

 L'explication en vidéo
Tranquillement, à rythme de sénateur, le gruppetto passe devant les spectateurs à la fin d'une étape, il y a quelques années sur la Vuelta.

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Jérémy SATIS

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