QUELQUES JOURS PAR SEMAINE - Pour accompagner le déconfinement progressif, les partenaires sociaux travaillent à maintenir un télétravail "obligatoire", mais moins contraignant pour les entreprises. Une manière aussi de se mettre sur les rails de l'après-Covid ?
Accompagner le déconfinement d'une désescalade du "télétravail à 100%" que réclame le gouvernement à ce jour, voilà ce à quoi travaillent syndicats et patronats cette semaine. "Le Premier ministre lundi soir nous a demandé de réfléchir à une deuxième phase de télétravail pour le début de l'année", explique ce mercredi le président du MEDEF Geoffroy Roux de Bézieux, au micro de RMC. Un entre-deux qui se préparerait dès maintenant, pour aboutir à quelque chose "qui ne soit pas le 100% télétravail comme aujourd'hui mais qui ne soit pas non plus le retour au stade précédent."
La solution envisagée pourrait être du type "quelques jours par semaine obligatoires, mais pas 100%", a-t-il ajouté, précisant qu'un tel dispositif serait appliqué pendant "quelques mois" le temps que la pandémie soit passée. L'occasion aussi pour le patron des patrons de rappeler certains effets indésirables d'un télétravail généralisé, et subi. "On est tous persuadés - les partenaires et le gouvernement - que le 100% télétravail au bout de quelques semaines a d'autres conséquences - psychologiques, on voit la hausse des violences conjugales, des addictions."
"Obligatoire"... mais à la carte
Dans la pratique, la vertu "obligatoire" du télétravail se perd un peu dans la nouvelle proposition. Si le gouvernement n'a pas de levier juridique pour imposer son "télétravail à 100%", c'est bien ici l'entreprise qui pourra choisir les postes éligibles au travail à distance, et le nombre de jours par semaine ouverts au télétravail.
On saura bientôt si la position du MEDEF rejoint ses propositions présentes dans l'accord national interprofessionnel (ANI) négocié ces deux derniers mois avec les syndicats de salariés. "La balle est dans le camp des syndicats", estime Geoffroy Roux de Bézieux, après les dernières propositions mises sur la table par le patronat, dans un document final envoyé aux syndicats mardi soir, qu'ils doivent désormais décider, ou non, de signer.
Parmi les points d'achoppement, la portée du texte, pointée dès le départ par tous les syndicats : "Ce texte n'est ni prescriptif, ni normatif. C'est-à-dire que tout ce qui est écrit dedans peut être contourné. C'est un gros souci." Or la négociation devait aboutir à un ANI valable en période de télétravail exceptionnel, par exemple lors d'une crise sanitaire, comme en temps normal. Une demande aussi du gouvernement, qui a fait du télétravail "une règle" réaffirmée mardi soir par Emmanuel Macron, dans les entreprises qui le pouvaient, pour limiter la propagation du virus. Un accord non-contraignant serait une rareté, mais se rapprocherait du simple "guide des bonnes pratiques" que réclamaient nombre de syndicats de PME et de commerçants.
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Sur le fond, l'autre point de débat majeur tient justement à la définition des postes éligibles au télétravail. Tous les syndicats plaident pour des critères définis par le dialogue social, au travers de consultations du comité social et économique (CSE) de l'entreprise. Pour sa part, le Medef plaide pour qu'au-delà des obligations définies dans le code du travail, les décisions sur l'organisation du télétravail restent prises par l'employeur et puissent être différentes d'une entreprise à l'autre, voire entre deux sites au sein d'une même entreprise. CFDT et CFE-CGC devraient faire connaître leur position dès aujourd'hui, la CGT se laissant jusqu'à mi-décembre pour statuer.