Bobines de films stockées au fort d’Ivry : la Cour des comptes s'alarme des risques pour la population

par Nicolas VANEL
Publié le 21 décembre 2016 à 16h53
Bobines de films stockées au fort d’Ivry : la Cour des comptes s'alarme des risques pour la population
Source : AFP

C'EST PAS DU CINÉMA – Dans un référé, la Cour des comptes alerte le ministre de la Défense sur les risques que font courir à la population l’archivage de vieilles bobines de films au fort d’Ivry-sur-Seine. En l’absence d’autres solutions, des mesures de sécurisation sont en cours mais celles-ci prendront encore du temps.

Une bombe à retardement. C’est ce que peut laisser craindre la lecture du référé communiqué lundi par la Cour des comptes au sujet des trésors que recèle le fort d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), en banlieue parisienne, qui accueille l’Ecpad (Etablissement de communication et de production audiovisuelle de la défense). Il n’est pas question ici de matériel militaire sensible, d’armes ou d’explosifs instables, mais de bobines de films d’archives conservées au fort pour partie sur des supports en nitrate de cellulose, une substance particulièrement inflammable à l’origine de nombreuses destructions de studios de cinéma jusqu’au début des années 1950.  Et des pellicules, le fort historique d’Ivry en possède beaucoup : 15.000 bobines rien qu’en nitrate de cellulose. 

"Ces bobines sont porteuses de risque d'incendie, en particulier les bobines de nitrate de cellulose, potentiellement exposées à un embrasement inextinguible et à un dégagement de gaz toxique en phase de décomposition constituant un danger pour les populations. Elles représentent un risque que le principe constitutionnel de précaution demande de maîtriser au plus vite", alerte ainsi la Cour dans son référé, adressé au ministère de la Défense, qui fait suite à l’examen des comptes de l’Ecpad. 

Un déménagement dans une zone non urbaine ?

Mettant en avant notamment le fait que l’établissement "ne se conforme pas à la législation des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE)", les sages de la rue Cambon prônent notamment le déménagement de ces archives dans un nouveau site, comme celui que l’Ina possède aux Essarts (Yvelines), dans une zone non urbaine, et qui gère le même type de stocks.

Mais cette solution n’est pas celle envisagée par la Défense. Dans la réponse qu’il a adressé début décembre à la Cour des comptes, le ministre Jean-Yves Le Drian précise que l’Ina, comme le Centre national du cinéma et de l’image animée, ne sont pas en mesure d’absorber les archives de l’Ecpad. 

Des délais de sécurisation "incompressibles"

Après avoir rappelé  les mesures de sécurisation prises – "mise en place de déshumidificateurs et de climatisation", ainsi que "la réalisation de caissons réfrigérés et d’un mur écran en cas d’incendie et d’explosion"  -, le ministre s'en tient à  "l’amélioration ou la reconstruction des installations existantes", alors même qu’il reconnaît les défauts répétés qui sont apparus sur des caissons de sécurité. Quant à la mise en conformité du fort, dont la Cour souligne la nécessité, le ministre précise qu’elle est en cours mais que son instruction administrative devrait encore prendre environ un an. 

En attendant, des travaux d’infrastructure sont prévus au fort d’Ivry, avec notamment la construction de bassins de rétention des eaux d’extinction d’incendie. "Une 'remise en sécurité', telle que recommandée par la Cour, nécessitera donc des délais incompressibles. L’ensemble des travaux de rénovation des installations existantes pourrait être finalisé début 2018", conclut Jean-Yves le Drian. 


Nicolas VANEL

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