Brexit : Calais réclame le retour des "duty free" dans son centre-ville

Publié le 6 janvier 2021 à 11h25

Source : TF1 Info

ÉCONOMIE - Alors que le Royaume-Uni a quitté l'Union européenne le 31 décembre, les commerçants calaisiens s'inquiètent de la perte des touristes anglais. La maire de la ville, Nathalie Bouchard, demande l'installation de zones détaxées dans le centre-ville.

Il y a quatre jours, Londres larguait les amarres. Si les effets du Brexit peuvent sembler abstraits pour le moment, la ville de Calais sent déjà la différence. Plus de 10% des revenus des commerçants de la ville provenaient des Anglais. Une manne importante dont les marchands du nord de la France pourraient être privés. Pour remédier à cette situation, l'élu LR de Calais Nathalie Bouchard a demandé à déterrer un concept très lucratif :  le "duty free". Un système qu'elle souhaiterait voir étendu à l'ensemble de la ville. L'objectif est simple : tirer profit du Brexit et soutenir les commerçants qui sont en difficulté. 

Depuis que le Brexit a été rendu officiel, les vendeurs calaisiens font grise mine. Au mois de janvier, les visiteurs britanniques n'ont plus franchi les porte des échoppes qui bordent les rues du centre-ville. "Je n'ai pas entendu d'accent anglais depuis plusieurs jours", note un habitant.

Parmi les perdants du Brexit, il y a les cavistes calaisiens. Avant la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, ils recevaient les Anglais qui venaient faire leur traditionnel "Booze Cruise" dans le nord de la France. En d'autres termes, nos voisins faisaient le plein d'alcool - à des prix plus compétitifs que chez eux. À l'époque, les Anglais pouvaient ramener 120 bouteilles de vin à chaque voyage. Avec le Brexit, les Britanniques sont priés de voyager plus léger : seules 24 bouteilles seront désormais autorisées.

Les pertes risquent d'être très lourdes : "Plusieurs centaines de milliers d'euros par an", estime Jérôme Pont gérant de "Calais Vin". Dans cette échoppe, les Britanniques représentaient 25% du chiffre d'affaires. "Ça ne met pas forcément en péril l’entreprise mais ça sape certains fondements économiques", avoue le caviste.

Apporter de l'attractivité commerciale supplémentaire
Natacha Bouchard, maire (LR) de Calais

Afin de rendre la ville de Calais plus attractive, quelques mesures ont déjà été mises en place. Depuis le 1er janvier, les voyageurs britanniques sont autorisés à effectuer des achats dans les boutiques "hors taxes", ou "duty free" installées à bord des bateaux, avions, ou dans les aéroports et ports. À Calais, un magasin "duty free" doit s'installer, d'ici octobre 2021, au rez-de-chaussée d'un bâtiment neuf érigé dans le nouveau port, a indiqué le président de la société des ports du détroit, Jean-Marc Puissesseau.

Mais ces initiatives ne sont pas suffisantes selon la maire de Calais. "Ce que je défends, c'est un retour du duty free comme en 1999, où il y avait la zone du port, mais aussi, sur l'ensemble de la ville, des lieux de vente (...) liés à ce duty free", a déclaré mardi la maire de Calais. C'est presque avec nostalgie que Natacha Bouchard fait référence à ces "one day trip" (voyage d'un jour, ndlr) bien connus de nos voisins anglais. Dans les années 90, il était possible de traverser la Manche pour 10 francs aller-retour afin de se ravitailler en alcool. 

Qualifiant Calais de "ville frontière", l'édile demande qu'au moins le périmètre du cœur de ville puisse tirer parti de ce dispositif." Cela permettrait aux commerçants de bénéficier de la détaxe tout de suite mais aussi de dynamiser, dans l'ensemble de ce périmètre, des lieux qui pourraient regrouper de nouvelles enseignes, pour apporter de l'attractivité commerciale supplémentaire", a poursuivi Natacha Bouchart.

Comment ce système de "duty free" s'organiserait-il ? La maire de Calais propose deux options : soit mettre en place une zone détaxée classique "où l'on paye directement le prix détaxé" ou bien cumuler ses achats "et quand vous avez atteint un certain montant, de vous faire rembourser." Mais le "duty free" en tant que lieu, "en termes de communication, cela attire (…) conceptuellement, c'est là où on a toutes les marques, les avantages", a-t-elle mis en avant. 

Le secrétaire d'État auprès du Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Clément Beaune a assuré "travailler" sur la mise en place d'un tel système dans la ville de Calais. "La maire en a parlé à Olivier Dussopt  - ministre délégué en charge des Comptes publics - et moi-même quand nous étions surplace le 1er janvier, c'est une bonne piste", expliquait-il sur le plateau de BFM. Ce dernier a ajouté qu'il s'agissait d'une "demande légitime" et que le gouvernement allait "apporter une réponse dans les prochaines semaines". 


La rédaction de TF1info

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