DÉCONFINEMENT - Si la Commission européenne se montre optimiste quant à la reprise économique en France, de nombreux employeurs peinent à recruter à quelques jours d'un retour très attendu à la vie normale, le 19 mai prochain.
La reprise de l’activité économique s’annonce réjouissante en France d’après la Commission européenne. L'Hexagone affiche en effet l’un des taux de croissance potentiels les plus élevés d’Europe, avec 5,7%. Une première depuis 1974.
Un paradoxe s’impose toutefois sur le sol français. Alors que tous les secteurs d'activité se préparent à repartir en trombe le 19 mai prochain, trouver des personnes qualifiées relève parfois du parcours du combattant. À moins d'une semaine du coup d’envoi, certains chefs d’entreprises alertent quant à la difficulté de recruter. "Je suis obligé de refuser des commandes, car il me manque une dizaine, voire une quinzaine de personnes", déplore un patron dans le reportage de TF1 en tête d’article.
Face à cette pénurie de main d'œuvre, les employeurs se tournent vers des agences d’intérim qui se confrontent à la même difficulté. "J’ai été missionné pour trouver dix agents de nettoyage", relate Axel Varlet Milat. Mais pour l’instant, le consultant en développement chez Mistertemp n’en a trouvé qu’un. Les agents d’entretien font en effet partie des professions les plus demandées à l'aube de cette reprise économique d'après Pôle emploi, au même titre que les serveurs, les aides-soignants et les ouvriers agricoles.
Mais ces derniers manquent visiblement à l’appel. "On a plus de mal à trouver parce que ce sont des gens qui se sont tournés vers d’autres secteurs d’activités à la faveur de la crise", explique le patron de Mistertemp, Alexandre Pham. "C’est une bonne chose en tant que telle. Mais aujourd’hui, ils se retrouvent occupés à faire autres choses."
75 millions d'euros alloués à la formation
Pour faire face à ce qui pourrait s'avérer un véritable obstacle à la reprise économique, la ministre du Travail Elisabeth Borne a évoqué mercredi 12 mai la mise en place de formations spécifiques pour les demandeurs d'emploi et les travailleurs en activité partielle, financées à hauteur de 75 millions d'euros. Pour ceux ayant été longuement en activité partielle, des "formations de ré-entrainement" sont actuellement en cours. Ce sont "des formations courtes de trois à cinq jours", a-t-elle précisé, affirmant que ces salariés seraient "opérationnels" pour la réouverture le 19 mai prochain.
🗣️ "C'est important que cette réouverture puisse se faire avec des salariés en nombre suffisant", déclare la ministre du Travail Élisabeth Borne. "Des formations de réentraînement" ont lieu depuis la semaine dernière. Suivez le live 👇 https://t.co/oXKJIyYYMc pic.twitter.com/vmz6OAftAP — franceinfo (@franceinfo) May 12, 2021
"On a aussi effectivement un certain nombre de salariés qui sont passés à autre chose", reconnaît-elle, tout en indiquant avoir demandé à Pôle emploi "de se mettre en contact avec les organisations professionnelles dans chacune des régions, d'identifier les demandeurs d'emploi qui ont travaillé dans ces secteurs et de leur proposer des formations de remobilisation" qui débuteront "d'ici début juin". Les patrons envisagent de leur côté de recruter puis de former eux-mêmes leurs nouveaux employés.
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Cette situation présente toutefois un avantage : la main d’œuvre plus rare pourrait être payée plus cher. C’est déjà le cas aux États-Unis - en avance dans le cycle de la reprise économique par rapport à l’Europe - où les salaires ont augmenté de 8% en moyenne sur une année. Ce chiffre grimpe même jusqu’à 19% dans des secteurs comme l’hôtellerie ou le tourisme.
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