Confinement dans 16 départements : un coût estimé à 1,2 milliard d'euros... ou pas ?

par Cédric INGRAND
Publié le 19 mars 2021 à 21h28, mis à jour le 22 mars 2021 à 16h59
Bruno Le Maire, Ministre de l'Économie, enfilant un masque.
Bruno Le Maire, Ministre de l'Économie, enfilant un masque. - Source : AFP

DÉCOMPTES PUBLICS - En durcissant les restrictions sanitaires, et en provoquant la fermeture de certains commerces, l'État s'attend à débourser plus d'aides que prévu. Pourtant, à Bercy, les estimations divergent.

Restrictions sanitaires d'un côté, aides aux entreprises de l'autre. Alors qu'il annonce un troisième confinement, à plein temps mais partiel, l'exécutif a désormais l'habitude d'une gymnastique des comptes publics qui creuse le déficit, en amortissant les effets de la crise sanitaire. Mais si personne ne songe pour l'instant à revenir sur le "quoi qu'il en coûte" en période de crise, la confiance n'exclut pas le contrôle, et surtout l'évaluation de l'impact économique de la décision de reconfiner une partie de la population française. 

Quelques minutes après l'annonce de Jean Castex, Bruno Le Maire chiffrait ainsi l'opération : pour un mois de confinement, Bercy prévoyait 1,2 milliard de dépenses supplémentaires, pour indemniser 110.000 commerces fermés, mais aussi un impact économique plus grand encore pour les grandes surfaces, forcées de fermer certains rayons non-essentiels.

Malgré tout, le coût du confinement pour les finances publiques est en baisse constante par rapport aux épisodes précédents. Au printemps 2020, le premier confinement et les fermetures administratives qu'il avait entraîné avaient eu des conséquences massives sur l'économie en général et sur les comptes publics en particulier, amputant le PIB d'environ 30% par mois. Un impact largement réduit pour le second confinement national à l'automne, qui n'avait coûté selon l'Insee que 8% à l'activité économique du pays. Même s'il est bien trop tôt pour faire les comptes, on estime à Bercy que la crise sanitaire aura coûté autour de 160 milliards d'euros à l'État. 

Pour Olivier Dussopt, un coût économique tendant... vers zéro

Mais pour le nouveau confinement, même à l'intérieur de Bercy, il est des estimations plus optimistes. Interviewé sur Europe 1 ce matin, Olivier Dussopt, ministre des Comptes Public, estime ainsi que même s'il a un coût, le reconfinement de ces 16 départements pourrait avoir sur la croissance... un effet nul. "Nous avons une prévision de croissance de 6%", explique-t-il, et les annonces d'hier soir pourraient faire baisser cette prévision de 0,2%, à 5,8% (...) mais dans le même temps, je suis convaincu que les 6% sont atteignables, nous avons aussi des motifs d'espoir économiques, avec des indicateurs qui malgré la crise nous donnent des espoirs sur la capacité de rebond." 

Parmi ces indicateurs, la TVA perçue par l'État en janvier, au niveau de l'année précédente, mais aussi l'investissement des entreprises au dernier trimestre 2020. Autant de chiffres meilleurs que prévu, qui permettraient à la croissance de tenir les promesses du gouvernement.

Dans les coulisses des annonces de Jean CastexSource : La Matinale LCI

Pour autant, toutes ces bonnes nouvelles sur le front économique restent fragiles, conditionnelles, et sous-tendues par  les aides aux entreprises, le chômage partiel, et tout le train des mesures d'aide du "Quoiqu'il en coûte", dont Olivier Dussopt promet qu'il "va se poursuivre tout au long de la crise épidémique (...) Quand l'activité sera redevenue normale, alors le temps sera venu de débrancher les aides."

Reste surtout à jauger des conséquences de ces nouvelles restrictions sur la consommation des ménages, principal moteur de la croissance française. Si beaucoup de réflexes ont été pris lors des deux premiers confinements, on ne sait pas, par exemple, à quel point les consommateurs vont se reporter sur la vente en ligne. Pour Charlotte de Montpellier, économiste à la banque ING, "la baisse devrait être un peu moindre" que lors des précédents confinements, du fait de restrictions qui ne concernent pas toute la population, et parce que consommateurs et entreprises se sont adaptés. 

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