Économie : les grandes sociétés françaises confiantes dans leur avenir… et un peu moins dans leurs emplois

par Cédric INGRAND
Publié le 12 janvier 2021 à 14h42
Économie : les grandes sociétés françaises confiantes dans leur avenir… et un peu moins dans leurs emplois
Source : iStock

OPTIMISTES - Selon le baromètre du moral des entreprises d’Eurogroup Consulting, les patrons des grandes entreprises françaises prédisent leur sortie de crise pour la fin de l'année. Un optimiste qui n'aurait pas de retentissement positif sur l'emploi, en tout cas en France.

Ce sont des chiffres à mettre en parallèle de ceux du moral des ménages, un indicateur de la santé économique des entreprises, mais surtout de leur confiance dans leur avenir proche, qui viennent de tomber. Des chiffres encourageants face à la perspective d’une crise économique dont on ne connaît pas encore l’impact réel, à tempérer quand même quand on distingue les raisons d’une confiance forcément surprenante.

Pourtant, les chiffres sont là : parmi le panel de dirigeants de grandes sociétés françaises sondés par Eurogroup Consulting, 68% imaginent être sorti de la crise d’ici à la fin de cette année 2021. Quatre sur cinq prévoient d’afficher en 2021 des bilans économiques stables ou en hausse. En clair, ces patrons n’imaginent pas aujourd’hui que 2021 puisse être pire que 2020. Pour eux, l’année qui s’ouvre serait celle de la “résilience”.

Les risques financiers devant le risque sanitaire

Parmi les sujets qui pourraient venir contredire cet optimisme, l’étude a listé ceux que les patrons de ces sociétés regardent de plus près. Tout en haut de la liste, à 84%, les risques économiques et financiers, ceux liés à la demande des consommateurs et des entreprises, mais aussi à des craintes de défaillances d’organismes financiers, par exemple. Juste en dessous, c’est le risque sanitaire qui mobilise 55% des dirigeants, presque à égalité avec les risques cyber et les risques géopolitiques et sécuritaires. Ceux liés à l’environnement réglementaire ou aux risques environnementaux inquiètent beaucoup moins, en tout cas à courte échéance.

Crise subite, et changements durables

Quand on leur demande ce que la crise a changé dans leurs entreprises, les dirigeants sondés distinguent trois évolutions durables. D’abord, confinement et télétravail oblige, une “nouvelle organisation du travail et des pratiques managériales associées”, plutôt subie que décidée, en tout cas au début, mais dont les nouveaux usages sont rentrés dans les mœurs. Autres conséquences, qui découlent de la première : une “digitalisation/automatisation du modèle opérationnel”, et des “circuits de décision raccourcis”, le travail à distance ayant clairement servi à aplatir un peu les hiérarchies, et l’urgence sanitaire et économique à un management plus réactif.

L’emploi comme “variable d’ajustement”

Seule ombre au tableau : si les aides publiques, les baisses d’impôts de production, les prêts garantis par l’état (PGE), et le chômage partiel ont permis à nombre d’entreprises petites et grandes de maintenir leurs comptes à flot pendant la crise sanitaire, la stabilité ou l’embellie économique que prévoient les patrons sondés ne devrait pas ou peu entraîner d’embauches, le dispositif ayant surtout à maintenir l’emploi. Plus gênant : quand on leur demande s’ils ont l’intention de supprimer des emplois en France cette année, un quart des dirigeants répondent par l’affirmative, ce qu’ils n’envisagent que dans 15% des cas pour leurs implications à l’étranger. De quoi confirmer l'image d'une France qui se développe à l'international, mais se désindustrialise à l'intérieur de ses frontières. 


Cédric INGRAND

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