EMPLOI – Pour lutter contre le chômage des jeunes, près d’une vingtaine de dispositifs ont été mis en place ces dernières années. En 2015, ils ont représenté une dépense de 10,5 milliards d’euros pour des résultats limités, constate la Cour des comptes dans un rapport paru mercredi.
Une débauche d’énergie et de moyens pour des résultats contestables. Si le chômage en France atteint des niveaux records, la catégorie de population la plus touchée reste les jeunes. Au cours du 2e trimestre 2016, le taux de chômage des 16-25 ans a atteint 23,7% de la population active, selon les données de l’Insee, contre 9% pour les 26-49 ans et 6,4% pour les plus de 50 ans. Outre ce niveau particulièrement élevé, les 16-25 ans, qui multiplient CDD et stages, connaissent des situations de précarité plus élevées que le reste de la population.
Pour s'attaquer à ce fléau, de nombreuses mesures ont été adoptées entre 2010-2015. Parmi la petite vingtaine de dispositifs développés pour accompagner les jeunes vers l’emploi, "les plus intensifs et courts" se sont révélés les plus efficaces, révèle la Cour des comptes dans un rapport paru mercredi sur "l’accès des jeunes à l’emploi". C’est notamment le cas de la Garantie jeunes lancée en 2013, qui s’adresse aux personnes peu ou pas diplômées ne poursuivant pas d’études ou n’étant pas inscrites en formation, et des Parcours de la deuxième chance, destinés aux décrocheurs. Problème, moins d’un tiers des crédits alloués aujourd'hui à la lutte contre le chômage des jeunes sont orientés vers ce type de mesures.
Moins de la moitié des jeunes accompagnés a trouvé un emploi
Au total, l’Etat, les collectivités territoriales et les opérateurs (Pôle emploi essentiellement) ont dépensé 10,5 milliards d’euros en faveur de l’emploi des jeunes en 2015. Plus de la moitié de ce montant a été consacré à l’apprentissage (57%), contre 19% pour les contrats aidés et 10% pour la formation professionnelle continue.
Un budget considérable pour des résultats limités, estime la Cour des comptes. Seuls 47,3% des jeunes ayant eu accès à ces dispositifs ont en effet décroché un emploi en 2015, avec des taux variant selon les dispositifs : de 54,3% pour le CIVIS (contrat d’insertion à destination des jeunes en situation de précarité) à 27,5% pour l’ANI jeunes, qui offre un accompagnement personnalisé aux jeunes inscrits à Pôle emploi ou auprès de la mission locale. En conclusion, les sages de la rue Cambon préconisent d'accorder une moindre priorité aux contrats aidés au profit des formations en alternance.
Une recommandation que le gouvernement ne semble pas disposé à suivre. "Nous avons ciblé (les contrats aidés) en direction des personnes les plus éloignées de l'emploi", a fait valoir Myriam El Khomri mercredi lors d'une rencontre avec les journalistes de l'information sociale. (Ajis). Répondant à la Cour des comptes, la ministre du Travail a défendu des contrats qui "permettent, au-delà d'une insertion, de redonner confiance en soi". Force ouvrière a également soutenu dans un communiqué le traitement social du chômage mis en place par le gouvernement, jugeant les contrats aidés "indispensables".
VIDÉO - Contre le fléau du chômage de longue durée, un nouveau type d'emploi aidé :