Avec la pandémie, la pauvreté s'est "démultipliée" en France

C.A. avec AFP
Publié le 12 mai 2021 à 22h52, mis à jour le 14 mai 2021 à 11h00
Avec la pandémie, la pauvreté s'est "démultipliée" en France
Source : NICOLAS TUCAT / AFP

RÉPERCUTIONS - Dans un rapport remis ce mercredi à Jean Castex, le Conseil national de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale rapporte une aggravation de la précarité sur le sol français, ainsi que son caractère "multidimensionnel".

Tandis que certains Français ont profité de la crise sanitaire pour épargner, d'autres ont vu leurs difficultés financières s'aggraver plus encore. Selon un rapport du Conseil national de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale (CNLE), qui travaille à la mise en place d'un baromètre trimestriel pour mieux suivre ses répercussions, la pandémie a "démultiplié" les situations de précarité en France. Dans ce rapport remis ce mercredi à Jean Castex, les auteurs affirment qu'elle "a occasionné une aggravation d'une condition déjà dégradée, autant que l'exposition de nouveaux publics à la pauvreté". Ils s'inquiètent d'une probable "bombe à retardement".

Le Premier ministre avait mandaté en janvier cet organe rattaché à Matignon, constitué de 64 membres (chercheurs, représentants d'associations, de parlementaires et de collectivité locales, et personnes concernées), pour "caractériser" la pauvreté depuis le début de l'épidémie de Covid-19, qui s'avère être "multidimensionnelle", affectant aussi bien la précarité monétaire que l'état psychologique, l'accès aux droits ou la nourriture, le sentiment d'isolement ou le décrochage scolaire.

Une explosion des demandes d'aides alimentaires et financières

En 2019, la France comptait 9,1 millions de personnes dites "pauvres", c'est-à-dire vivant avec moins de 1070 euros net par mois, un chiffre en recul de 0,3% par rapport à 2018 mais qui pourrait fortement augmenter pour 2020. Le chiffre ne sera connu que fin 2021, mais déjà, de premières tendances émergent. Ces derniers mois, les associations ont alerté sur une explosion des demandes, notamment alimentaires, le nombre d'allocataires du RSA passant la barre des deux millions (+4,8% en un an), et le chômage augmentant de 6,3% sur un an, selon les derniers chiffres officiels.

"La crise a agi autant comme un révélateur que comme un accélérateur de la pauvreté", explique à l'AFP la députée Fiona Lazaar (ex-LaREM), présidente du CNLE. Ruptures d'activité, poids du logement dans le budget, fermeture des services publics, inégalités de santé, jeunesse "sacrifiée" : la pandémie "a empêché des sorties de la pauvreté, précipité dedans des personnes qui étaient déjà sur le fil et entraîné des arrivées inattendues dans les permanences sociales, comme celle des indépendants (commerçants, artisans, auto-entrepreneurs...) qui ont été particulièrement exposés au choc économique", poursuit-elle.

Toutefois, "il y a des filets de sécurité, comme le RSA, le chômage partiel ou les aides ciblées, qui ont permis aux Français d'avoir un minimum pour vivre", souligne-t-elle, regrettant cependant "des carences" notamment pour aider les jeunes de moins de 25 ans, une catégorie déjà fortement impactée par la pauvreté avant la crise.

Un tribut économique payé par les plus jeunes

Selon l'Observatoire des inégalités rendu public fin novembre, la moitié des personnes pauvres en France sont âgées de moins de 30 ans. "Les personnes âgées ont payé les plus lourdes conséquences du coronavirus en matière de santé, les jeunes vont subir l’essentiel de ses retombées économiques", déclarait Louis Maurin, directeur de l’Observatoire, après la publication d'un rapport sur le sujet fin novembre.

La commission des Finances de l'Assemblée nationale a donné ce mercredi un feu vert de principe à la rallonge budgétaire de 7,2 milliards d'euros demandée par le gouvernement pour financer durant les prochains mois le fonds de solidarité et l'activité partielle. 6,7 milliards d'euros seront alloués au financement du fonds de solidarité.

"D'ici l'automne", le CNLE proposera au gouvernement "un baromètre pour suivre les effets de la crise sur les populations précaires en temps aussi réel que possible". Un outil dont les résultats seront présenté tous les trimestres, selon sa présidente.

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C.A. avec AFP

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