Pourquoi la drogue et les prostituées ne sauveront pas la croissance française

Publié le 18 juin 2014 à 12h43
Pourquoi la drogue et les prostituées ne sauveront pas la croissance française

ECONOMIE - Alors que Bruxelles voudrait voir certaines activités illégales intégrer le PIB des pays européens, en France, l'Insee n'entend pas s'y plier.

La drogue et la prostitution ne sauveront pas les finances françaises. Alors qu' Eurostat demande aux 27 Etats-membres de l'Union européenne, à partir de cet automne, d'intégrer certaines activités illégales dans le calcul de leur PIB , l'Insee ne s'y pliera pas. Pour l'institut européen de statistiques, pourtant, il n'y a pas de raison de laisser de côté le trafic de drogue comme la prostitution. Dans les deux cas, il s'agirait de transactions comme les autres, décidées d'un commun accord entre l'acheteur et le vendeur.

Une définition qui n'est pas vraiment du goût de l'Insee, qui n'accepte pas l'idée d'un consentement à la drogue. "Il y a généralement une dépendance sévère du client vis-à-vis du produit. Selon nous, il n'y a donc pas de consentement à l'échange, et pas de raison de l'intégrer au PIB", explique à Metronews Ronan Mahieu, chef du département des comptes nationaux de l'institut de statistiques. A la demande de Bruxelles, les revenus de la drogue devraient cependant être inclus dans le calcul du Revenu National Brut, un agrégat proche du PIB utilisé par l'Union Européenne pour calculer la contribution de chacun au budget européen. "L'impact devrait toutefois être minime, de l'ordre de 0,1 % de hausse", estime Ronan Mahieu. Soit tout de même un peu plus de deux milliards d'euros de plus.

La prostitution, déjà dans le PIB

Le cas de la prostitution est plus complexe. Elle est en effet déjà intégrée en partie dans le PIB français. L'institut de statistique distingue en effet deux types de prostitutions. D'une part, celle qui s'exerce dans des locaux ayant une activité légale. C'est le cas par exemple de certains bars ou salons de massages "Celle-ci est déjà comprise dans le calcul du PIB", au même titre que le travail au noir ou la fraude fiscale. L'autre type de prostitution est celle de rue. "Celle-ci n'apparaît pas dans les comptes nationaux, et nous n'avons pas l'intention de changer cela. En effet, elle est le plus souvent le fait de personnes étrangères, en situation irrégulière, qui exercent cette activité sous la contrainte, pour payer leur passeur. A nos yeux, il n'y a donc pas d'échange consenti." Et là encore, pas question de la faire apparaître dans le PIB.

Si la France se veut donc réservée sur l'intégration des activités criminelles dans la richesse nationale, certains autres pays n'ont pas tant de scrupules. Le 22 mai, l'Italie a annoncé qu'elle intégrerait dans le PIB l'argent de la contrebande, de la drogue et de la prostitution. Une économie parallèle qui, selon la banque d'Italie, pourrait représenter plus de 10 % de l'activité du pays, et donc faire grimper de manière artificielle les statistiques nationales. De même, le Royaume-Uni évalue de son côté à 12 milliards d'euros les nouveaux revenus à intégrer.


La rédaction de TF1info

Tout
TF1 Info