40.000 enseignants absents pendant le confinement ? Un chiffre polémique à nuancer

par Cédric STANGHELLINI
Publié le 10 juin 2020 à 17h47, mis à jour le 10 juin 2020 à 18h46
Durant le confinement, l'enseignement s'est principalement déroulé depuis le domicile, hors des établissements scolaires
Durant le confinement, l'enseignement s'est principalement déroulé depuis le domicile, hors des établissements scolaires - Source : Stéphane de Sakutin / AFP

ECOLE - Jusqu'à 5 % des enseignants français n'auraient pas travaillé durant les mois de confinement, indique une enquête de France 2, soit environ 40.000 professeurs. Un chiffre que confirme... mais nuance largement le ministère de l'Education nationale.

Le confinement a donné lieu à une situation inédite pour l'Education nationale. A partir du 16 mars, l'ensemble des établissements scolaires ont du fermer leurs portes - à l'exception de l'accueil des enfants des personnels soignants. En l'espace de quelques jours, les 900.000 enseignants, de la maternelle au lycée, ont du mettre en place des cours à distance afin d'assurer la "continuité pédagogique". Tous ou presque. Car d'après une enquête menée par France 2, près de 5% des professeurs auraient 'décroché' durant ces trois mois de confinement. Un chiffre que relativise le ministère de l'Education nationale auprès de LCI.

"Nous ne disposons pas des raisons" de ces absences

 4 à 5% des enseignants "n'ont carrément donné aucune nouvelle à leurs élèves" durant la période de confinement, indique France 2. Ce qui représente tout de même 40.000 professeurs.  Chiffre que confirme à LCI le ministère de l'Education nationale. tout en apportant deux précisions importantes. Premièrement, "il s'agit d'une simple estimation. 5% donne environ 40.000 personnes du corps enseignant. Ce n'est pas une donnée précise."

Deuxièmement, le ministère ne qualifie pas ces enseignements de 'décrocheurs'. "Il s'agit de professeurs avec lesquels il n'y a pas eu de suivi suffisamment régulier avec leurs élèves. Ces personnes n'ont pas disparu". En revanche, impossible de savoir ce que comprend l'estimation de 40.000. "Nous ne disposons pas aujourd'hui de liste de raisons" de ces absences pédagogiques. En d'autres termes, on ne connait pas les motifs de ces absences, et notamment la part dans celles-ci des arrêts maladie totalement justifiés, des absences pour raisons familiales ou pour deuil, la encore totalement justifiées. 

"Le moment est mal choisi"

Des détails qu'aimerait pourtant bien connaitre Elisabeth Kutas, professeure des écoles à Paris et  secrétaire départementale du SNUipp-FSU. "Qui sait ce que comprend ce chiffre ? Quelle est la proportion des arrêts maladie ? Ou les enseignants qui ont du garder leurs propres enfants ?". 

De même la proportion de 5% doit être comparée au taux moyen d'absentéisme des salariés français qui est justement de.. 5,10%.

Au delà de cette polémique, Elisabeth Kutas est amère : "Le moment est mal choisi pour stigmatiser une profession qui a poursuivi sa mobilisation tout au long de la crise" du coronavirus. "Nous avons recueilli des témoignages de collègues à travers la France qui n'étaient pas équipés du matériel informatique adéquat pour les cours à distance ou qui n'avaient pas une connexion internet suffisante, explique Elisabeth Kutas. Sans oublier que nous avons du apprendre à tout faire par nous même en l'espace de quelques jours. La continuité pédagogique promise par Jean-Michel Blanquer a forcément été difficile à tenir. Et c'est toujours le cas avec ce retour partiel des élèves en classe". 

Le hasgtag "#MerciLesProfs réactivé

Sur les réseaux sociaux, le chiffre avancé par France2 a provoqué un nombre considérable de réactions indignées et immédiatement réactivé le hashtag "MerciLesProfs"qui dénonce depuis plusieurs années le prof bashing. 


Cédric STANGHELLINI

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