Affaire Fillon : "Quel crédit peut-on donner à la parole politique ?", s'interroge Anne Sinclair

par Sophie GRENERY
Publié le 6 mars 2017 à 12h10
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Source : Sujet JT LCI

Invitée d’Audrey Crespo-Mara sur LCI ce matin, Anne Sinclair a porté un regard sans concession sur l’attitude de François Fillon. La journaliste y voit un révélateur de la "crise démocratique" que traverse le pays.

Crise grecque, Brexit, accession de Donald Trump à la Maison-Blanche, élimination progressive des favoris à la présidentielle…. Dans "Chronique d’une France blessée" (Grasset), Anne Sinclair balaie les mille maux qui accablent notre pays dans un contexte international porteur de multiples inquiétudes.  

A quelques semaines près, la journaliste aurait pu y ajouter un autre chapitre, entièrement consacré à l’affaire Fillon. Mais les révélations du Canard Enchaîné concernant les soupçons d’emplois fictifs entourant la famille du candidat des Républicains pointaient juste dans la presse lorsqu’elle finissait son travail d’écriture. Ce qui ne l'empêche pas de porter un regard très critique sur l’attitude de l’ex-Premier ministre. "Quand un futur président de la République  tel qu’il se voit peut renier sa parole d’il y a trois semaines, en disant qu’il démissionnerait s’il était mis en examen et revient là-dessus, quel crédit peut-on donner à la parole politique ?" s'est-elle interrogée sur le plateau de LCI. 

Fillon n'avait pas voulu être interviewé

Alors que presque tous les candidats à la présidentielle avaient accepté de se confier à elle pour les besoins de son livre, Anne Sinclair rappelle que François Fillon a, lui, refusé. L'éditorialiste ne lui en tient pas rigueur. Dans son ouvrage, elle le décrit comme "belle gueule", "raisonnable", "un Sarkozy qui aurait perdu sa fébrilité, son inconstance", "un Juppé qui serait plus radical". Persistait malgré tout selon elle un "mystère Fillon" autour d'un homme capable "d'avaler tant de couleuvres" en tant que Premier ministre de Nicolas Sarkozy et se muant dès le début de sa campagne "en une sorte d’imprécateur, alors que rien ne le laissait prévoir". 

Ce qui est sûr ajoute-t-elle, "c'est que les gens qui ont voté pour la primaire n’ont pas voté pour l’homme qu’on voit aujourd’hui. Ils ont sûrement voté pour un programme, pour une stature. Mais personne ne savait au fond qu’il était à ce point empêtré dans sa propre logique. M. Propre qui devient un objet de débat judiciaire." 

Pas plus que les autres observateurs politiques, Anne Sinclair ne se risque à des pronostics sur la présidentielle et le devenir du candidat de la droite. "Il a une sorte de sentiment d’injustice, d’impression d’empêchement que je peux comprendre. Il met tout le temps en rapport les 3 millions d’électeurs qui ont voté pour lui et le fait qu’il serait empêché." 

L'éditorialiste pointe cependant les usages de la vie politique,  connus selon elle "d'un responsable politique de ce niveau" : "En général les gens mis en examen se retirent, même s’ils sont innocents, uniquement pour ne pas nuire, ni au débat démocratique, ni à leur famille politique."

Replay - L'invité de 8h45 de LCI Matin du 6 mars 2017 : Anne SinclairSource : L'Invité Politique
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